Au moment où la France approuve le nouveau «bluff» marocain, l'Espagne signe avec le Maroc un contrat militaire de 200 millions d'euros. Le gouvernement sahraoui a dénoncé, hier, la récente conclusion d'un contrat militaire entre le gouvernement socialiste d'Espagne et le Maroc, en estimant que cette «grave» décision «contrarie les efforts de paix déployés par la communauté internationale» pour un règlement juste du conflit du Sahara occidental. Une décision qui, d'après le communiqué de la Rasd, «contribue aussi à la création d'un climat psychologique d'avant-guerre, gravissime pour les efforts de médiation des Nations unies et pour les perspectives de paix et de stabilité dans la région». En fait, le gouvernement sahraoui redoute les répercussions militaires et diplomatiques de la décision espagnole de «renforcer ainsi la capacité offensive du Maroc». Le contrat militaire en question a été mis à nu par Willy Meyer, eurodéputé du parti Gauche unie (3e force politique en Espagne). Ce dernier a dénoncé, jeudi à Bruxelles, la conclusion d'un «contrat militaire» entre le gouvernement espagnol et le Maroc. Lequel contrat, évalué à «200 millions d'euros», devra servir à «réarmer l'armée marocaine tout en sachant que parmi ses missions figure l'occupation des territoires du Sahara occidental». Ce contrat porte notamment sur la vente au Maroc de «1200 blindés et 800 camions militaires». Un autre danger pour les Sahraouis. La diplomatie espagnole se fait piéger et marque un énième échec dans sa politique extérieure. «Ce contrat et la récente abstention de l'Espagne à la commission de décolonisation des Nations unies en relation avec le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui convertissent le chef du gouvernement (espagnol) en complice de la politique marocaine qui réprime et empêche ce peuple d'exercer son droit à l'autodétermination reconnu internationalement». Ce témoignage de l'eurodéputé espagnol fait apparaître la face terrible du gouvernement Zapatero. Après donc le «O.K.» inconditionnel de Jacques Chirac, le Maroc est allé, cette fois-ci, à la recherche d'un soutien auprès du Royaume ibérique, un allié du premier carré du Palais royal. La France officielle a qualifié le nouveau bluff marocain de «constructif», tandis que l'Espagne préfère jouer les coulisses, se gardant de brûler en public la feuille de route onusienne qui consacre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Par ailleurs, une délégation marocaine s'est rendue jeudi en Espagne pour présenter au gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero le projet dit de «l'autonomie pour le Sahara occidental». Une gaffe à double gravité. D'abord parce que le Royaume chérifien fait appel à l'ingérence étrangère et, ensuite, le projet ne peut être discutable au sein du Conseil de sécurité au détriment des résolutions onusiennes votées au profit du peuple sahraoui. L'Espagne et la France ne peuvent donc que contribuer, à l'image du Portugal sur la question du Timor oriental, à l'application du droit international. La délégation marocaine a rencontré le chef du gouvernement espagnol et le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Ce dernier affirma que l'Espagne souhaite mettre fin à la «situation de blocage» au Sahara occidental, mais «dans le contexte des Nations unies» et en référence au principe d'«autodétermination». S'agit-il d'un revirement dans la position de Madrid? Certainement non. Car le gouvernement espagnol qui tente d'éviter un soutien «ouvert» à la française vient d'être «trahi» par un contrat d'armement, qui ne vise en réalité qu'a accentuer les tensions dans la région du Maghreb. Le communiqué de la Rasd est clair: «l'importance et la nature» de ce contrat militaire «démontrent que, contrairement à ses positions affichées (...), le gouvernement espagnol se compromet dans une stratégie visant à conforter le régime marocain dans son escalade contre la légalité internationale et aux dépens de la stabilité dans le Nord-Ouest africain»