Constat n Ce qui caractérise la ville de Mahelma, c'est cette tranquillité qui y règne du matin au soir. Selon ses habitants, c'est à partir de 9h que la ville se vide et il ne reste dehors que quelques groupes d'adolescents oisifs. Pas d'hommes et pas de femmes. C'est vrai que le nombre d'habitants de cette localité est inférieur à celui d'un quartier d'Alger comme Bachdjarrah par exemple. Mais ce n'est pas la seule raison. «Ici, c'est tout le monde qui se déplace hors de la commune pour travailler, se promener ou autre...», souligne un quinquagénaire attablé dans un café à moitié vide. Effectivement, la ville de Mahelma ne dispose d'aucune infrastructure industrielle ou commerciale. C'est une caractéristique qu'elle a depuis longtemps, mais depuis que les gens ont entendu parler du projet de la nouvelle ville qui engloutira leur commune, tout a été bloqué. Les gens n'investissent pas de peur que les plans architecturaux de la ville changent et puis c'est tout le monde qui a abandonné l'agriculture, jadis l'activité principale de la région. Alors c'est la ruée vers les centres urbains à la recherche d'un travail pour les adultes ou d'une bricole pour les jeunes qui sont vendeurs à la sauvette dans les ruelles d'Alger. Ici, les commerçants les plus matinaux n'ouvrent qu'à partir de 9h hormis, bien sûr, les cafés qui, à l'instar des autres villes d'Algérie, sont très nombreux ainsi que les boulangeries. les gens sont partagés entre deux avis. Certains sont pour le projet de la nouvelle ville de Sidi Abdellah lequel, selon eux, va changer radicalement le visage de la région en l'urbanisant et créant, ainsi, un tissu industriel et économique qui atténuera le chômage et mettra fin à l'isolement de cette localité. «On attend impatiemment la reprise des travaux de réalisation de la nouvelle ville. ça nous offrira un statut de ville moderne et citadine et ainsi, c'est toute la population qui se stabilisera sur place», a déclaré un jeune commerçant. D'autres, en revanche, éprouvent de la peur vis-à-vis de ce projet. Pour eux, en effet, c'est tout le patrimoine, qu'il soit culturel, historique et agricole qui disparaîtra. Ces gens ont peur pour leur terrain, pour leur agriculture et pour leur maison. «Beaucoup de maisons ici ne répondent pas aux exigences d'une ville moderne, alors on se demande quel sera le sort de nos demeures. Surtout que les permis de construire ont été bloqués», explique un sexagénaire qui habite à Mahelma depuis 1956. Les opposants à la réalisation de la mégapole de Sidi Abdellah, sont surtout les grands exploitants agricoles et les investisseurs. Une autre catégorie de personnes avance un autre argument pour cette opposition : «De toutes les façons, une ville moderne ou autre, nous n'en serons pas les bénéficiaires. Les autorités vont ramener des personnes étrangères à la région et les y faire loger. Notre commune et celle de Rahmania (les communes dont les terres constitueront la grande partie de la nouvelle ville) seront sacrifiées sans que leurs habitants bénéficient du moindre avantage. Ni logement, ni commerce, ni travail...», a déclaré un jeune habitant de Mahelma. Ce dernier donne l'exemple de centaines de logements qui ont été attribués un peu partout à Alger aux personnes étrangères aux sites sur lesquels ont été construits ces logements.