Abus n Les armes nucléaires, les liens avec Al-Qaîda, les armes biologiques…Tout a été créé pièce par pièce par l'administration américaine. Une étude intitulée «Faux prétextes», menée par deux organismes américains, recense au cours des deux années ayant suivi le 11 septembre 2001 au moins 935 fausses déclarations de hauts responsables de l'administration sur la menace que présentait l'Irak de Saddam Hussein pour la sécurité nationale. «Cinq ans après l'invasion américaine de l'Irak, cette étude complète des archives montre que les déclarations ont fait partie d'une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l'opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de prétextes résolument faux», estiment les auteurs de l'étude. Des liens avec Al-Qaîda et l'existence d'un arsenal d'armes de destruction massive en Irak, qui se sont révélées introuvables, ont été mis en avant pour justifier l'intervention américaine. Plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, avaient alors émis de sérieux doutes sur l'existence d'un tel arsenal. L'étude cite un discours de Dick Cheney, affirmant en août 2002 : «Il n'y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive.» Mais les auteurs soulignent que «selon le directeur de la CIA d'alors, George Tenet, ces affirmations allaient largement au-delà des évaluations de l'agence». Ils citent même un responsable de la CIA qui avait confié au journaliste Ron Suskind : «Où est-il allé chercher ça ?» . En septembre 2002, le président Bush assure que «le régime irakien possède des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus, cherche à avoir la bombe nucléaire et avec des matériaux fissiles pourrait en fabriquer une en un an». L'étude souligne que ces affirmations ont été reprises dans un rapport des agences de renseignement américaines (NIE) quelques jours plus tard alors qu'«aucune analyse n'avait été faite à ce sujet depuis des années car la communauté du renseignement ne l'avait pas estimée nécessaire et la Maison-Blanche pas demandée». L'administration Bush a reconnu en 2005 que ces armes n'existaient pas en mettant fin au travail de l'«Irak survey group», composé d'inspecteurs américains en Irak, mais a souvent justifié sa décision en disant s'être appuyée sur les informations des services de renseignement américains. Or, la compilation et l'analyse effectuées par les deux organisations montrent que l'administration Bush a parfois ignoré ou déformé les éléments fournis par ces agences. Les auteurs regrettent qu'il n'y ait pas eu «d'enquête du Congrès sur ce qui s'était passé à la Maison-Blanche» dans les mois précédant mars 2003 et épinglent les médias qui, malgré «quelques mea culpa», ont contribué à «valider» les fausses déclarations de l'administration Bush. Il faut rappeler que ce sont deux organisations indépendantes ayant passé au crible les déclarations publiques du président Bush et de ses proches collaborateurs, entre 2001 et 2003, qui sont les auteurs de cette étude. Ils ont étudié l'ensemble des déclarations publiques de George W. Bush, mais aussi du vice-président Dick Cheney, de Condoleezza Rice alors conseillère à la sécurité, de Colin Powell secrétaire d'Etat à l'époque, de l'ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et des porte-parole de la Maison-Blanche.