Quand Zakaria Hijazi a appris que des Palestiniens venaient de faire sauter la clôture entre Gaza et l'Egypte, il est arrivé avec 100 000 fleurs de sa pépinière, dans l'espoir de faire sa première vente depuis des mois. Cet homme de 40 ans est l'un des dizaines de milliers d'habitants de Gaza qui se sont rués hier, mercredi, en Egypte, profitant de l'ouverture à l'explosif et au bulldozer de la frontière du territoire palestinien soumis au blocus israélien, qui passe au milieu de la ville de Rafah. Zakaria se tient à la frontière. Il sourit alors que des camions chargés de meubles et de matériaux de construction passent près de familles quittant la bande de Gaza pour s'approvisionner en Egypte. Le mur de béton qui les retenait prisonniers depuis des mois a été partiellement détruit par des explosifs, et des enfants jouent désormais au milieu des débris. «J'exporte en Egypte pour la première fois», explique l'horticulteur. «Avant j'exportais vers les Pays-Bas et d'autres pays en Europe, mais il n'y a pas moyen de faire sortir des fleurs maintenant depuis le blocus», ajoute-t-il. «J'ai là 100 000 œillets. Je n'ai aucune idée combien ils me rapporteront en Egypte ou même si je pourrai les vendre tout court», explique Zakaria.