Histoire n L'œuvre de Mohamed Harbi était, mercredi à Oran, au centre d'un colloque international. Consacrée à cet historien algérien «à contre-courant», cette manifestation a été initiée par la fondation culturelle Avempace institution. Cette rencontre, tenue en présence de Mohamed Harbi, a notamment permis aux participants de mettre en relief la méthodologie spécifique à l'historien dans sa quête mémorielle. Le mode de connaissance qu'affectionne Harbi lui a permis «d'imposer en France la Guerre d'Algérie comme un objet historique digne d'intérêt», a souligné le président d'Avempace, Houari Touati. L'œuvre de Harbi est à l'origine «de grandes avancées dans la reconnaissance du fait colonial», a estimé M. Touati dans son allocution d'ouverture expliquant le «pourquoi» de cette rencontre. L'œuvre, objet du colloque, participe, a fait observer l'organisateur de la rencontre, «au mouvement de la recherche de l'authenticité, à contre-courant de l'approche de nombre d'analystes qui s'étaient limités à aborder quelques segments de l'histoire». Abondant dans le même sens, les conférenciers sont unanimes à décrire l'entreprise Harbi comme un exercice consistant à «faire sortir de l'oubli les acteurs historiques, et comme une œuvre appelant à l'ouverture vers l'universel». L'historien économiste, Menaouar Merrouche de l'université d'Alger, a, quant à lui, établi le parallèle entre le parcours de Harbi et celui de plusieurs écrivains arabes qui s'étaient heurtés «à ceux qui veulent faire de l'histoire une fiction». «La justesse du combat de Harbi a échappé aux tenants de la critique», a relevé, pour sa part, Gilbert Meynier, de l'université de Lyon (France), auteur de plusieurs publications sur l'histoire de l'Algérie. «Mohamed Harbi a rempli avec sérieux son contrat d'historien à l'égard de son pays, c'est une figure-clé de l'historiographie contemporaine», a souligné en substance, M. Meynier. Dans un bref entretien à la presse, M. Harbi a, de son côté, réitéré sa conviction quant à la nécessité de «faciliter l'accès de l'historien aux documents à caractère historique, conformément au principe de territorialité des archives». Cette rencontre se poursuivra demain et aujourd'hui, jeudi, avec la participation d'autres spécialistes algériens et étrangers, dont Benjamin Stora, de l'Institut des langues et cultures orientales de Paris (France).