Comme on dit chez nous : ne restent dans l'oued que ses galets. Ce dicton s'applique bien au bilan de ce premier tour de la CAN -2008 qui a mis à la corbeille la moitié des invités au grand rendez-vous ghanéen, parmi eux quelques sérieux prétendants tels que le Maroc que l'on annonçait détonant après un excellent test contre l'équipe de France en amical en novembre dernier. Le Sénégal que l'on croyait ressuscité et venu en conquérant, au moins pour passer aux quarts de finale. Le Mali, que l'on disait capable de bousculer la hiérarchie, mais qui, comme les deux premiers, a dû passer à la trappe. Les gros bras, eux, ont fini par passer en force et sans s'excuser, ni frémir. Ghana, Côte d'Ivoire, Angola et Tunisie (il ne manquait que le Togo), cela ne vous rappelle rien ? Tous des mondialistes, présents lors du dernier rendez-vous en Allemagne, il y a un an et demi. Les quatre autres, ne sont pas des moindres puisqu'il s'agit de l'Egypte, tenante du titre et recordman des trophées avec cinq consécrations, le Cameroun et le Nigeria également d'anciens mondialistes, seule la Guinée, présente aux quarts, fait figure d'intruse. C'est d'ailleurs la seule nation à n'avoir pas encore inscrit son nom sur le trophée, alors que les sept autres représentent 17 titres sur la balance, soit 68% des Coupes d'Afrique disputées jusqu'à maintenant. Excusez du peu. C'est dire qu'il y a une chance sur sept que le futur vainqueur soit un ancien, une nation qui a déjà goûté au Graal. Poursuivant sa logique décantation, la CAN-2008 sera représentée par la présence de 123 joueurs évoluant en Europe, sur les 184 qui auront passé le cap du premier tour (soit une évolution de 54 à 67%) contre 45 joueurs locaux seulement (soit une régression de 39 à 24%) et 3 qui exercent sur le continent. Comme quoi, la CAN devient une affaire de professionnels dès qu'on se rapproche des derniers tours et où la main-d'œuvre européenne occupe une bonne place. Cela est également confirmé par la présence de six entraîneurs étrangers sur les huit présents, où seuls l'Egyptien Hassan Shehata et l'Angolais Luis Oliveira Gonçalves vont faire de la résistance en défendant l'honneur du technicien local face à leurs collègues étrangers, dont quatre Français (Gili, Le Roy, Nouzaret et Lemerre) et deux Allemands (Pfister et Vogts). On ne quittera pas le premier sans souligner le côté offensif de cette édition où 57 buts ont été déjà marqués, soit une bonne moyenne de 2,37 buts/match, et seules deux rencontres (Angola-Tunisie et Mali-Nigeria) sur les 24 programmées se sont terminées sur un score vierge. Au classement des buteurs, on retrouve le Camerounais Samuel Eto'o avec cinq réalisations qui lui ont permis de détrôner l'Ivoirien Laurent Pokou et son ancien record de 14 buts. La star barcelonaise des Lions indomptables sera menacée dans cette édition par des garçons toujours en lice, comme l'Egyptien Hosni Abd Rabou et l'Angolais Alberto Mateus qui ont inscrit chacun trois buts. D'autres suivent à trois longueurs, en l'occurrence Mohammed Zidan et Mohamed Aboutreika (Egypte), Sulley Muntari (Ghana), Dos Santos (Tunisie), Joseph Désiré Job (Cameroun), Didier Drogba (Côte d'Ivoire) et Pascal Feindouno (Guinée), qui, lui, sera encore suspendu pour le match des quarts de finale.Sans compter le niveau, que ce soit sur le plan technique ou tactique, jugé assez élevé, et un engagement physique très remarqué lors de la plupart des rencontres disputées, ce sont les premières conclusions des spécialistes et observateurs du football africain, dont le sélectionneur national Rabah Saâdane qui a avoué que les progrès du football continental sont très édifiants, notamment à l'approche d'un certain Sénégal-Algérie le 31 mai prochain. Mais ça, c'est une autre histoire.