Richesse n En drainant quatre wilayas du Nord et des Hauts-Plateaux, la Soummam offre une multitude de paysages, de panoramas et de modes de vie de culture. Sur le plan géomorphologique, le contraste est fortement accusé entre les chutes d'eau dévalant des façades de Lalla Khedidja et la marche tranquille de l'eau dans les ruisseaux de la banlieue de Sétif. La différence est aussi prononcée entre les aires boisées des Biban et la nudité des lieux sur le mont Dirah et la région de Sidi M'barek. Du point de vue climatique, les affluents de la Soummam traversent des régions semi-arides où les précipitations annuelles ne dépassent pas 350 mm et des zones humides dont la pluviosité dépasse les 1 200 mm/an. Depuis les hautes plaines céréalières de Sétif jusqu'à la luxuriance de Tikjda, en passant par les monts nus de Mansourah et Dirah, les berges maraîchères et oléicoles de Maillot et d'Allaghène, des différences de taille sont constatées dans les systèmes de production, la relation entretenue avec la terre et la ressource hydrique, et, enfin, l'occupation et la gestion de l'espace. Nous remarquons également que les grandes infrastructures routières suivent souvent les vallées et les cours d'eau, et ce, depuis l'antiquité, car la réalisation des travaux y est moins onéreuse. Il en est de même pour les chemins de fer : Alger-Bouira sur le cours de l'Isser ; Bouira-Beni Mansour sur la Haute Soummam ; Beni Mansour-Béjaïa sur la Soummam moyenne et inférieure. La voie ferrée Beni Mansour-Bordj Bou-Arréridj suit le cours d'Assif Amarigh. Les routes de crête et de montagne sont généralement ouvertes en période de guerre pour pouvoir dominer son ennemi. C'est ce que firent les Romains en aménageant la route départementale n°20 allant de Berrouaghia à El M'hir pour éviter les routes de l'Isser et de la Soummam qui sont devenues «belliqueuses» et dangereuses du fait qu'elles abritaient les rebelles numides. Par ses berges, ses méandres, ses falaises, la verdure des zones qui lui sont attenantes, ses eaux qui gonflent en hiver générant d'importantes crues et qui, en basse saison, coulent en filets limpides, la Soummam offre des sites d'une beauté enchanteresse. Cette splendeur s'accroît par la présence de villages et bourgades surplombant ses différents affluents : de Takarbouzt à Tibouamouchine, en passant par Ighil Ali et Tamokra. Ces villages, suspendus à leurs pitons, tiennent à leurs lopins de terres et se ressourcent sans fin dans le murmure et le bruissement des eaux de la Soummam, écumeuses en hiver et sages en automne et au printemps. Le lac du nouveau barrage de Tichy Haf ajoutera nécessairement son grain de sel à ce panorama, d'autant plus que la station de Hammam Sidi Yahia y est à seulement quelques encablures. Les ombres à ce tableau idyllique sont, bien sûr, l'exploitation sauvage du sable de la rivière et le déversement des eaux usées dans le lit même de plusieurs affluents du cours d'eau. A quand une gestion moderne et rationnelle de l'espace et du patrimoine naturel qui mettrait en symbiose la féerie des lieux, l'économie de la région et le cadre de vie du citoyen ?