Ere n Un marché très juteux est en train de s'offrir à notre pays, celui du carbone (réductions d'émissions des gaz à effet de serre) dont le dioxyde de carbone (CO2). Ce marché pourrait faire rentrer près de 300 millions de dollars annuellement si les opérateurs économiques publics et privés s'organisaient, avons-nous appris hier lors de l'atelier régional Centre-Sud sur «le renforcement des capacités dans les projets de mécanisme propre du protocole de Kyoto», organisé à l'hôtel Riyadh à Sidi Fredj par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme. Comparativement au secteur du Tourisme, qui a généré en 2007 les 1,17% de PIB, soit 250 millions de dollars de rentrées pour notre pays, le marché du carbone pourrait générer, selon Kamel Djemouaï, sous-directeur de la coopération internationale Point focal national de la convention sur les changements climatiques et du protocole de Kyoto et membre représentant de l'Afrique au conseil exécutif mondial du marché du carbone, des rentrées annuelles de près de 300 millions de dollars si la tonne de gaz à effet de serre (GES) émise est estimée à 10 dollars seulement «mais il y a un grand travail à faire dans ce sens», a-t-il indiqué. Le 1er inventaire national des émissions des GES en Algérie réalisé en 1994 a fait ressortir l'équivalent de 105 millions de tonnes équivalent CO2 dont 67% au secteur de l'énergie «donnant à l'Algérie un potentiel d'environ 100 millions de tonnes équivalent CO2 pour les projets éligibles aux mécanismes susceptibles de drainer des investissements étrangers», a-t-il expliqué. «Mais l'Algérie n'a aucun projet soumis ni enregistré auprès du Conseil exécutif du MDP malgré son potentiel», s'est-il désolé.«L'Algérie n'est pas concernée par des engagements contraignants pour la réduction des GES comme c'est le cas pour certains pays développés historiquement responsables du réchauffement planétaire. La balle est réellement dans notre camp actuellement, on est à l'aise vis-à-vis des réductions de GES, mais ce qui est utile maintenant, c'est de maîtriser le processus de production pour être mieux préparé pour toute éventualité de réduction. On ne veut pas arriver à l'urgence et à la précipitation», a-t-il conclu. L'objectif de ce 2e atelier après celui de la zone Ouest Sud tenu à la fin du mois écoulé à Mostaganem, selon M. Djemouai, est d'informer les opérateurs économiques publics et privés et les investisseurs qui peuvent jouer un rôle dans le marché du carbone et dans le processus des Mécanismes de développement propre (MDP). «Ce marché qui existe de par le monde devrait être connu par nos opérateurs puisque le potentiel algérien en matière de GES est assez important». Un 3e atelier Est-Centre se tiendra le 27 février à Constantine. l Pour rappel, le marché du carbone est l'équivalent du marché du pétrole. Si le second consiste en des échanges de barils de pétrole, pour le premier, ce sont des échanges commerciaux de certificats d'émissions de Gaz à effet de serre quantifiées (réduites ou évitées) en tonnes équivalent de CO2). Les 30 pays industrialisés, signataires du protocole de Kyoto, se sont engagés à réduire entre 2008 et 2012 près de 5,2% de leurs émissions de GES par rapport à l'année de référence 1990. Ils ont des sortes de «droits à polluer» limités sous forme de quotas d'émissions d'équivalent CO2 pour honorer leurs engagements. En cas de dépassement des niveaux d'émission de CO2 qui leur sont assignés, ils payent soit une amende, soit achètent ou échangent des crédits d'émission à un autre pays par l'intermédiaire des mécanismes de flexibilité créant un marché mondial du carbone régulé par le Conseil exécutif des mécanismes de développement propre.