L'industrie française pourra émettre 132,8 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an sur la période 2008-2012. Une fois n'est pas coutume, la France reçoit des louanges de la Commission européenne en matière environnementale. Hier, l'Exécutif communautaire a approuvé son plan d'allocation de quotas de CO2 valable pour la période 2008-2012, couvrant le protocole de Kyoto. Des aciéries aux papeteries en passant par les raffineries de pétrole, un millier d'installations installées sur le territoire devront respecter chaque année, en moyenne, un plafond d'émissions de dioxyde de carbone - principal gaz à effet de serre - de 132,8 millions de tonnes. Un chiffre à peine supérieur aux émissions constatées en 2005, année de référence. Chaque unité se voit attribuer un quota : les plus " écologiques " pourront vendre sur le marché du carbone - opérationnel de-puis 2005 - les " stocks " qu'elles n'auront pas utilisés. À l'inverse, les entreprises incapables de respecter ces contraintes devront acheter les " permis à polluer " disponibles. Elles paieront 100 euros de pénalité pour chaque tonne excédentaire émise chaque année. " Le gouvernement français a bien compris la nécessité de préserver l'intégrité de ce système d'échange de quotas d'émissions qui constitue un modèle dans la lutte contre le changement climatique ", s'est félicité le commissaire à l'environnement, Stavros Dimas. Seuls la Slovénie et le Royaume-Uni avaient auparavant obtenu le feu vert de Bruxelles. Cette fois, l'éloge fait suite à de sévères remontrances, exprimées quatre mois plus tôt. À l'automne dernier, Paris avait volontairement chargé la barque. Son plan prévoyait des quotas annuels de 156 millions de tonnes de dioxyde de carbone, un chiffre équivalent au plafond octroyé par Bruxelles pour la période 2005- 2007 ! Par ailleurs, le gouvernement contestait le fait que 2005, année de faible croissance économique, et donc de faibles émissions de carbone, serve de standard. 8 % de réduction avant 2012. Dans ces conditions, la France aurait été incapable de respecter les engagements européens pris dans le cadre de Kyoto, et qui prévoient une réduction de 8 % des émissions de gaz à effet de serre pour l'Europe d'ici à 2012 (plus 20 % de mieux d'ici à 2020, selon une récente décision du Conseil). Prise en sandwich entre un président de la République qui fait de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité, et un lobby industriel qui s'inquiète des coûts engendrés par cette révolution technologique, la France a tergiversé. Avant de se plier aux préconisations de Bruxelles. D'autres pays reprochent à la Commission d'ignorer leurs spécificités économiques. Ainsi, Bruxelles a corrigé les plans de la République tchèque et de la Pologne, leur demandant de réduire respectivement de 26 % et 15 % leurs quotas d'émissions. À la différence de la France, la Pologne n'utilise pas le nucléaire, énergie très peu émettrice en carbone, mais beaucoup de charbon. Associé à une forte croissance économique, ce cocktail la conduit à se voir imposer un traitement de choc que Varsovie juge " discriminatoire ".