Sort n Le président pakistanais a affirmé qu'il comptait rester au pouvoir, malgré une défaite cuisante aux législatives de lundi dernier. Interrogé, hier, mardi, par le journal Wall Street pour savoir s'il allait démissionner ou se retirer, Musharraf a dit : «Non, pas encore. Nous devons aller de l'avant de façon à apporter un gouvernement démocratique stable au Pakistan», selon le texte de l'interview. Le camp de Musharraf, qui a pris la tête du pays en 1999 par un coup d'Etat, pourrait devoir remettre les clefs du pouvoir de la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman à une opposition cherchant à s'unir. Les deux principaux mouvements d'opposition, celui de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre, dernier, dans un attentat suicide, et celui de son rival des années 1990, Nawaz Sharif, sont arrivés largement en tête des élections, sans qu'aucun des deux dispose, seul, d'une majorité pour gouverner. «Le président n'a pas mandat de partager le pouvoir avec le Premier ministre», a dit Musharraf. «Il y aurait conflit si le Premier ministre et le président voulaient se débarrasser l'un de l'autre. J'espère seulement que nous éviterons de tels conflits», a-t-il ajouté. «J'aimerais travailler avec tout parti et toute coalition parce que c'est dans l'intérêt du Pakistan», a poursuivi le président pakistanais, refusant de dire s'il était inquiet du fait que ses opposants puissent vouloir le voir quitter le pouvoir. L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif a aussitôt appelé l'opposition à s'unir pour «débarrasser le Pakistan de la dictature», visant Musharraf qui l'avait renversé par un coup d'Etat militaire il y a plus de huit ans. De son côté, Asif Ali Zardari, l'époux de Mme Bhutto et nouveau chef du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), a promis «un gouvernement de consensus national avec l'ensemble des forces démocratiques», sans toutefois se prononcer sur le sort du président. Auparavant, la Ligue musulmane du Pakistan Qaïd-e-Azam (PML-Q), le parti au pouvoir depuis 2002 et soutien de Musharraf, a dit «accepter le verdict de la Nation». Autre surprise de ce scrutin : les islamistes ont essuyé un revers majeur par rapport à leur percée aux législatives de 2002. Par ailleurs, Washington a bien accueilli le résultat des élections pakistanaises, qui représente pourtant une défaite cinglante pour le parti de son allié, le président Pervez Musharraf, et va l'obliger à coopérer avec un gouvernement de coalition peut-être moins fiable, selon des experts. La Maison-Blanche a déclaré que les élections pakistanaises semblaient avoir été «justes dans une large mesure» et a dit sa volonté de coopérer avec le prochain gouvernement contre le terrorisme, tout en refusant de juger le président Pervez Musharraf désormais hors jeu.