Résumé de la 1re partie n Mme Adélia Romaneix, malgré ses 84 ans, continue à être autoritaire. Comme tous les matins, Mme Lacroix se dirige vers la chambre de la vieille... Elle porte un plateau de bois recouvert d'un joli napperon. Sur le plateau, un grand bol de café au lait, des petits pains, une jatte de confiture, un pot de porcelaine avec un supplément de lait, quelques morceaux de sucre dans un sucrier de verre et un vase soliflore avec une jolie rose. Mme Lacroix soupire : — Espérons qu'elle sera de bonne humeur ce matin. Il va encore y avoir quelque chose qui va lui déplaire. Pas facile à contenter, cette pauvre Adélia. Tout en tenant le plateau en équilibre, Rosette Lacroix frappe d'un doigt léger sur la porte de la chambre : — Adélia, c'est l'heure du petit-déjeuner ! Aucune réponse. Rosette Lacroix insiste : — Adélia, vous êtes réveillée ? C'est moi, Rosette, vous m'entendez ? C'est l'heure ! Toujours aucune réponse. Rosette Lacroix coince le bord du plateau sur la serrure de la porte. Elle ressent une impression de forte chaleur en touchant le panneau de bois. Bizarre... Elle approche la main de la poignée de cuivre de la porte. Un cri de douleur lui échappe : la poignée semble chauffée à blanc. La brûlure est si vive qu'elle lui fait lâcher tout le petit déjeuner. Et voilà le bol, le café au lait et la rose par terre au milieu des débris de verre et de porcelaine. Déjà, la paume de sa main enfle : c'est une brûlure au deuxième degré. Rosette en reste muette d'étonnement. Elle appelle : — Adélia, madame Romaneix, vous m'entendez ? Qu'est-ce qui se passe ? Rosette enveloppe sa main brûlée dans le napperon qui recouvrait le plateau. A travers le tissu, elle ressent encore la chaleur de la poignée métallique. Mais la porte refuse de s'ouvrir. Et toujours cette chaleur intense dans le panneau de bois. Même le mur est brûlant. Comme si la chambre, était un four... Rosette Lacroix court dans le couloir et se précipite vers des ouvriers qui creusent une tranchée dans la rue. Juste devant son pavillon. — Au secours, venez ! Vite, il y a le feu dans la maison ! j'ai peur ! Il y a une dame âgée qui est enfermée là ! Les ouvriers lâchent leurs outils et suivent Rosette. L'un d'eux lui conseille : — Allez appeler les pompiers. C'est eux que ça regarde ! Mais Rosette veut savoir. Elle accompagne les ouvriers jusqu'à la chambre d'Adélia Romaneix. Les deux solides Maghrébins enfoncent la porte d'un coup d'épaule. Puis ils restent figés sur place devant le spectacle de la chambre d'Adélia Romaneix. De ce qui reste de la chambre d'Adélia Romaneix : — Bein, madame, qu'est-ce qui a pu se passer là-dedans ? Rosette Lacroix est incapable de donner une explication. Pourtant, il lui en vient une à l'idée : — Quelle horreur ! Elle a dû s'endormir avec une cigarette allumée. Ce n'est pas faute de l'avoir prévenue. Son fils, qui est médecin, n'arrête pas de lui dire de ne pas fumer au lit. Mais même pour quelqu'un qui ignore tout des lois du feu, la scène est étrange. Premier détail : la fenêtre de la chambre est grande ouverte. Rosette remarque : — Mais, comment est-ce possible ? Il n' y a eu aucune fumée à l'extérieur. Personne n'a vu de flammes. Les voisins m'auraient avertie. A moins que la fenêtre ne se soit ouverte qu'à la fin, sous l'effet de la chaleur. (à suivre...)