Résumé de la 5e partie n Rachel raconte à Mme Risk que oncle Harry – qui suit des cours de poteries avec elle – reste avec tante Marguerite, de 20 ans son aînée, car elle lui lègue tout après sa mort... Randy, une grande femme au rire contagieux, débordant de talent et de vitalité, passait rapidement d'un élève à l'autre. On entendait, en fond sonore, de paisibles airs de jazz tandis que l'atmosphère embaumait le vernis, la glaise et le café. Mme Risk était stupéfaite par la métamorphose de Harry : cet homme charmant, qu'elle voyait parler à tous avec animation, était à des années-lumière de la personne blême et désespérée qu'elle avait rencontrée le matin même. Elle ne tarda pas à repérer Christa. Harry était petit et frêle, mais Christa était encore plus petite. Elle avait la peau blanc ivoire, une belle et abondante chevelure bouclée blond cendré, et les yeux marron-vert Sa silhouette joliment potelée donnait à sa féminité un charme juvénile et félin. Lorsqu'elle s'adressait à Harry, il paraissait aussitôt redoubler d'assurance. Et, aussi sensibles que des compteurs Geiger soumis à des particules d'uranium, chacun trahissait l'approche de l'autre en devenant de plus en plus rose, couleur qui s'atténuait progressivement sitôt qu'ils s'éloignaient à nouveau. Lorsque tous se furent retirés, à l'exception de Rachel et de Mme Risk, Randy éclata de rire. — Ne sont-ils pas mignons ? Et tout le monde les apprécie tant que personne ne les taquine, ce qui est vraiment étonnant. Ils sont plutôt directs, d'ordinaire. — Qu'est-ce que tu sais au sujet de Christa ? demanda Mme Risk. — Oh, répondit Randy, elle fait du secrétariat chez un médecin, dans le village voisin. Elle a deux petites filles, âgées de quatre et six ans. Son mari l'a abandonnée pendant qu'elle accouchait de la seconde. Bob l'a aidée, à s'occuper du divorce. Elle m'a confié un jour qu'elle était jeune et bête au moment où elle s'est mariée. Elle a ajouté que, désormais, elle était vieille et sage, et assez solide pour ne plus jamais tomber amoureuse. Aussi solide qu'une aile de papillon ! — Et aussi belle, ajouta Mme Risk, dans un sourire. Au fait, qu'est-ce que Harry est en train de fabriquer ? Il m'a l'air plutôt habile pour un débutant. — Il est bon, approuva Randy : Harry fait des pots de fleurs, dit Rachel. Il a la main verte, et c'est peu dire. Il a rempli de plantes cet affreux appartement. Il est vraiment doué. — Ce n'est pas ce que toi aussi tu es en train de faire, ma grande ? Des pots de fleurs ? demanda Mme Risk, tandis que son regard passait de la chose informe ; sur le tour de Rachel, au pot parfaitement symétrique de Harry. — Oui. Je voudrais les vendre dans ma boutique, si j'arrive à être assez bonne. C'est plus difficile qu'il n'y paraît. — Je vois ça Rachel grimaça. — Tu veux essayer ? Mme Risk haussa les sourcils. — Merci ma grande, mais je crois qu'il faudrait que je commence par prendre des cours, et la liste d'attente de Randy est bien assez longue comme ça. — Mmm... bien sûr. Mme Risk se dirigea vers la porte. (à suivre...)