Résumé de la 64e partie n Alvirah qui veut pister les ravisseurs de son mari, demande l'aide de son journal. Le rédacteur en chef flaire qu'elle est sur une affaire intéressante… Dix minutes plus tard, il rappela. «Dites donc, Alvirah, l'endroit que vous recherchez n'est pas particulièrement recommandable. L'hôtel Linconl's Arms, dans la Neuvième Avenue, près du Lincoln Tunnel. A deux pas d'un hôtel borgne.» L'hôtel Lincoln's Arms. Alvirah prit à peine le temps de remercier Charley avant de raccrocher et de se précipiter vers la porte. Au cas où elle serait surveillée, elle quitta l'immeuble par le garage et héla un taxi. Elle commença par donner au chauffeur l'adresse de l'hôtel, puis se ravisa. Et si un des ravisseurs de Willy la remarquait ? Elle lui demanda plutôt de la déposer au terminus des autocars. A deux blocs du Lincoln Tunnel. Son foulard sur la tête, son col relevé, Alvirah passa devant l'hôtel Lincoln's Arms. Elle constata avec consternation qu'il s'agissait d'un assez grand bâtiment. Elle leva la tête vers les fenêtres. Willy se cachait-il derrière l'une d'elles ? Le building donnait l'impression d'avoir été construit avant la guerre de Sécession, mais il avait au moins dix à douze étages. Comment trouver Willy dans un pareil endroit ? A nouveau, elle se demanda s'il ne valait pas mieux appeler la police, mais elle se souvint de cette femme qui avait fait ce choix. Les policiers avaient été repérés au moment de la remise de rançon et les ravisseurs avaient pris la fuite. On avait retrouvé le corps du mari trois semaines plus tard. — Non. Elle ne pouvait pas courir ce risque. Il fallait qu'elle ramène Willy. Dissimulée dans l'ombre, sur le côté de l'hôtel, elle pria saint Jude, le patron des causes perdues. C'est alors qu'elle aperçut une pancarte dans la vitrine : ON DEMANDE SERVEUSE – service de 16 heures à minuit. Il fallait qu'elle obtienne cette place, mais pas avec la tenue qu'elle portait. Sans prêter attention aux camions ni aux autocars qui fonçaient en direction du tunnel, Alvirah s'élança sur la chaussée, attrapa au vol un taxi et lui communiqua l'adresse de l'appartement de Flushing. Son cerveau tournait à plein régime. Le vieil appartement où ils avaient vécu pendant quarante ans était resté exactement dans l'état où ils l'avaient laissé le jour où ils avaient gagné à la loterie. Le divan rembourré recouvert de velours gris foncé et son fauteuil assorti, le tapis orange et vert que la dame chez qui elle travaillait le mardi avait jeté, la chambre de plaqué acajou qui avait été le mobilier de la mère de Willy. Dans les placards il y avait encore tous les vêtements qu'elle portait à cette époque. Des robes à motifs criards de chez Alexander's. Des pantalons et des sweat-shirts en synthétique, des chaussures de sport et des escarpins achetés dans les grandes surfaces. Dans la coiffeuse de la salle de bains elle trouva le rinçage au henné qui donnait à ses cheveux la couleur du soleil levant sur le drapeau japonais.(à suivre...)