InfoSoir : La plupart des détenus sont jeunes, n'est-ce pas ? Mokhtar Felioune : Près de 80% de la population carcérale est âgée de moins de 30 ans, 74% ont un niveau ne dépassant pas le moyen et 23% sont analphabètes et la plupart des crimes sont des vols ou des consommations de drogue. Vu ces 3 données, on comprend qu'il vaudrait mieux pour eux une prise en charge autre que de les garder entre 4 murs en les occupant par des activités bien étudiées, des formations et des études pour leur permettre de faire face aux besoins de la vie. Comment assurer ces objectifs ? ll On a estimé que les activités culturelles et cultuelles sont les remèdes pour la criminalité causée par la majorité des jeunes dont le niveau intellectuel est bas. La prison est une école où on apprend à respecter la loi, «l'élévation» de niveau, l'acquisition des arts et des qualifications ou apprendre à travailler et les verser dans un autre environnement social, car la durée de la peine devrait être «constructive» par des activités et des programmes qui devraient faire face aux phénomènes criminogènes. La mission principale d'une prison est d'assurer la sécurité à la société. La révision pénitentiaire s'inscrit dans la politique de la défense sociale. La société est également responsable, quelque part, du crime et devrait faire un travail vis-à-vis de cette personne. C'est votre stratégie... ll Nous œuvrons à encourager les détenus à la scolarité ou à la formation professionnelle grâce aux services de réinsertion sociale ouverts au niveau des 127 établissements pénitentiaires. Multiplier les relations avec les partenaires (ministères de l'Education nationale et de la formation professionnelle, l'office national des études à distance (ex-Cneg) ainsi qu'avec la société civile) figure parmi notre stratégie pour la vraie réinsertion sociale des détenus. D'ailleurs, un décret présidentiel datant de 2006 accorde des mesures de grâce aux détenus qui ont pu décrocher des diplômes en purgeant leur peine en plus d'autres mesures incitatives décrétées par M. le ministre de la justice et les directeurs des établissements pénitentiaires ; entre autres, la liberté conditionnelle. Cette politique a pu donner des résultats positifs. Et l'appui pour cette politique ? ll Un effort financier considérable a été fait par l'Etat pour couvrir les frais de la scolarisation des détenus. En plus d'une large ouverture sur la société civile, les scouts musulmans et d'autres associations locales et nationales. Ainsi que de l'aide du comité interministeriel de la promotion de la reinsertion sociale des détenus composé de 22 membres qui élaborent le programme d'action annuel de toutes les activités de la réinsertion sociale des détenus. Et le travail pénal ? ll Parmi notre programme de réinsertion, il y a aussi celui d'assurer une formation et une activité pour la population carcérale. Tout ce qui est travail interne, est effectué par les détenus qui sont assurés et payés par l'administration selon leurs qualifications et leur travail. Et leur travail en milieu ouvert ? ll Nous avons actuellement 12 chantiers agricoles à travers le territoire national en collaboration avec l'office national des travaux éducatifs (Onte). Ce sont des chantiers destinés aux activités agricoles à El-Bioudh, Saïda, Oran, Adrar, Djelfa, ainsi que d'autres unités de production agricoles à côté des prisons. Des projets ? ll Bientôt, nous allons créer des chantiers pour contribuer au reboisement des Hauts-Plateaux. Au début, 2 sites ont été choisis à El-Bayadh et à Djelfa que nous allons incessamment aménager. * Directeur général de l'administration pénitentiaire et de réinsertion (Dgapr)