Appel n Face aux problèmes de promiscuité, de mixité et de violence entre pensionnaires, le directeur du Samu appelle à la mise en place de centres spécialisés pour les personnes invalides, femmes et mineurs. Le phénomène de personnes sans domicile fixe ne cesse de prendre de l'ampleur dans la capitale. Des personnes généralement démunies et venues des quatre coins du pays pour diverses raisons occupent les trottoirs, s'adonnant à la mendicité ou à d'autres activités informelles. Les efforts des autorités concernées n'ont pas abouti à réduire le nombre des personnes nécessiteuses. En effet, pour les douze mois de l'année écoulée, les services du Samu social de Dély Ibrahim ont pris en charge pas moins de 2 550 personnes en détresse, selon Mustapha Allilat, directeur de cette structure. Selon le calcul du Samu, cela donnerait approximativement un total de 67 258 nuitées assurées durant l'année 2007. «Nous leur avons assuré une prise en charge sociale, psychologique et matérielle. Nos équipes mobiles ramènent ces personnes au niveau du Samu. Elles sont prises en charge par une équipe multidiscipinaire composée essentiellement de psychologues, d'éducateurs, de sociologues et de médecins. La restauration, l'hébergement et les loisirs sont aussi garantis par nos services dans l'objectif de contribuer à la réinsertion sociale de ces SDF», a affirmé M. Allilat. Mais devant l'augmentation du nombre des SDF dans les rues d'Alger, le Samu social semble incapable d'aller au-delà de ses forces. Il souffre du problème de promiscuité et de mixité. «Les chalets du Samu ne peuvent plus contenir tout ce monde. Il est vrai que nous ne pouvons laisser une personne en détresse dans la rue, mais avec la complexité des problèmes de ces personnes secourues et qui, de surcroît, ne quittent le centre qu'après de longs séjours, nous faisons face à de grandes difficultés pour assurer le logis à tout le monde», reconnaît notre interlocuteur. Au départ, le Samu était conçu pour être un centre d'urgence et de tri et où le séjour ne devait, en aucun cas, dépasser les trois jours, or, «nous sommes devant une réalité sociale très compliquée qui nous empêche, du moins, par humanisme, de mettre des gens en détresse dehors.» Le directeur du Samu ne se contente pas de faire le constat. Il propose même des solutions. M. Allilat exhorte, en effet, les pouvoirs publics à mettre en place des centres d'accueil pour la prise en charge des personnes impotentes, des femmes et des mineurs et de trouver des solutions pour la réinsertion sociale des personnes valides parmi les SDF. Ici, à Dély Ibrahim, la promiscuité est à l'origine d'énormes problèmes. La violence entre pensionnaires en premier. «Vu que ces gens ont longtemps souffert de violence dans la rue, ils se sentent rejetés par la société et, par conséquent, tentent de se venger à leur manière. Cet état d'esprit est à l'origine de violences exprimées contre d'autres personnes, ici, au niveau du Samu», explique une psychologue.