Rappel n Avant l'installation de Wahid Bouabdallah à la tête de la compagnie samedi dernier, c'est Abdennaceur Hadj-Rabia qui avait assuré l'intérim de Tayeb Bennouis, l'ex-P-DG d'Air Algérie, décédé le 9 août 2007. Une situation qui était jugée anormale donnant l'impression que la compagnie échappe aux règles de gestion qui veulent que le remplacement du responsable n°1, quelles que soient les circonstances, s'effectue dans la semaine qui suit son empêchement, qu'il s'agisse d'un décès, d'une démission ou d'un licenciement. Le fait que les assises d'Air Algérie se soient tenues alors que la nomination du P-DG n'était pas encore intervenue est une illustration de la distance qui sépare la théorie de la pratique. Des observateurs attentifs du milieu aérien se sont demandé comment la compagnie pourrait opérer à vif, pratiquement, si elle n'avait pu désigner un successeur à un directeur-général que plusieurs mois après son décès. Pour garder ses pilotes, dont une trentaine – une cinquantaine, selon le Syndicat des pilotes – ont été débauchés par des compagnies étrangères, celles du Golfe en particulier. Air Algérie a décidé de revoir leur salaire à la hausse. Le Conseil d'administration de la compagnie a donné son accord pour que ces augmentations interviennent prochainement. Dans le même élan, Air Algérie procédera au recrutement de 100 pilotes dont la moitié parmi ceux formés par Khalifa Airways. Ces pilotes viendront s'ajouter aux 320 pilotes de la compagnie. Abdelhamid Bali, secrétaire général du syndicat d'entreprise, avait communiqué, par le passé, avec le chef du gouvernement pour l'informer de la gravité du problème et lui signaler la véritable saignée opérée au sein de l'effectif des pilotes d'Air Algérie qui quittaient l'entreprise en masse, alléchés par les salaires et avantages sociaux offerts par les compagnies du Golfe qui prennent tous les problèmes en charge, du loyer gratuit jusqu'à la scolarisation des enfants en passant par le loyer d'une confortable villa, réglé à l'avance. Loin de se résorber, la situation risque de s'aggraver : d'ici à l'été 2008, ce sont près de la moitié des pilotes d'Air Algérie, écœurés, qui risquent de prendre le manche d'autres avions alors qu'ils ont été formés pour piloter ceux d'Air Algérie. La direction générale de la compagnie semble avoir pris conscience de la gravité du problème. Pourra-t-elle proposer des salaires et des conditions de travail suffisamment persuasives pour décider ses pilotes à rester dans leur cabine ? Air Algérie n'a pas l'intention d'ouvrir son capital avant que la restructuration de la compagnie et la filialisation de ses activités annexes ne soient achevées. Air Algérie semble vouloir résister aux pressions de l'OMC qui se font fortes pour l'ouverture du ciel aérien algérien au plus tard en 2009.