Risque n Les municipales – dont le 1er tour a lieu dimanche pourraient se solder pour la droite par la perte de nombreuses villes. Les Français sont appelés aux urnes pour désigner quelque 36 000 maires, ainsi qu'un demi-million de conseillers municipaux, avant un second tour prévu le 16 mars qui devrait décider du sort de la plupart des grandes villes. Il s'agit de la première consultation à l'échelle nationale depuis la présidentielle de mai et les législatives qui avaient, dans la foulée, donné la majorité absolue à la droite à l'Assemblée nationale pour cinq ans. Cette fois, l'opposition de gauche part favorite malgré sa crise de leadership et certains analystes évoquent une «vague rose». Gérant déjà Paris et Lyon (centre-est), la 3e ville du pays, la gauche espère enlever plusieurs grosses municipalités à la droite et transformer le scrutin en véritable vote sanction contre Sarkozy. Des batailles serrées se profilent notamment à Marseille, le grand port du sud et 2e ville du pays, dont la perte pour la droite serait un coup très sévère, Toulouse (sud-ouest) et Strasbourg (est). Si quatre Français sur cinq disent se déterminer avant tout sur des critères locaux (écoles, logement, ramassage des ordures, personnalité et bilan du maire), les municipales revêtent aussi une dimension nationale, et un revers marqué de la droite affaiblirait la position du chef de l'Etat. Anticipant la défaite, le parti UMP au pouvoir n'a d'autre objectif que de limiter les dégâts, anxieux de voir la popularité en berne de M. Sarkozy entraîner la chute de ses candidats. Car, en dix mois, une cassure s'est instaurée entre l'opinion et le chef de l'Etat. Seul un Français sur trois, selon un récent sondage, fait désormais confiance au Président. Au moment où les prix des produits alimentaires flambent, l'opinion est fortement déçue par l'absence de résultats de M. Sarkozy sur le pouvoir d'achat– une de ses principales promesses de campagne – et est agacée par l'affichage de sa vie privée avec Carla Bruni et son goût du luxe. Ces dernières semaines, M. Sarkozy a accumulé déconvenues et controverses, comme sur la place de la religion dans la société, ou avec son projet de faire porter à des écoliers de 10 ans la mémoire d'un enfant juif victime de la Shoah. Il a été accusé de gouverner en «monarque» par ses détracteurs. Son récent dérapage verbal – un «casse-toi pauvre con» lancé à un visiteur du Salon de l'Agriculture refusant de lui serrer la main – lui a valu l'accusation d'abaisser la fonction présidentielle.