Constat n C'est au sein de la famille que les femmes sont plus fréquemment victimes de violence. Les auteurs de ces violences sont, le plus souvent, des membres de la famille, plus précisément l'époux. C'est ce qu'affirment en tout cas les juristes et les services de la médecine légale. «Elles sont nombreuses à subir une multitude d'agressions au quotidien. Agression physique, coups et blessures, harcèlement sexuel, discrimination, menaces…» Dans cette introduction, qui confirme l'existence de ce phénomène au sein de notre société, Me Aït Zaï, avocate à la Cour d'Alger et chargée de cours à la faculté de droit, parle expressément d'agression et non de violence. Car du point de vue juridique, dit-elle, «la violence est un moyen ou un outil utilisé pour commettre une infraction. Et l'auteur de cet acte de violence considéré comme volontaire et dont il résulte des dommages, est condamné à une peine de prison ou une amende selon la gravité de l'acte décrit dans le certificat médical et l'incapacité temporaire de travail accordée par le médecin légiste». Mais pour mieux illustrer la situation actuelle du phénomène, Me Aït Zaï nous renvoie à une enquête effectuée au milieu des années 1990 par le CHU d'Alger et dont les résultats sont, à quelques différences près, similaires à l'enquête rendue publique l'an dernier par l'Institut national de santé publique (Insp). Ainsi, il est établi que les femmes battues par leur partenaire ou par un membre de la famille représentent 29% de l'ensemble des consultations en médecine légale. 36% pour coups et blessures volontaires contractés en grande majorité, à raison de deux tiers, soit 60% en milieu familial. L'étude en question révèle, également, que la violence connaît une recrudescence signifiante en été, et se poursuit jusqu'à la fin de l'année. A en croire ce travail effectué en milieu de la médecine légale, la femme est beaucoup plus battue en soirée, entre 17h et minuit, que durant la journée. L'agresseur se sert, selon les témoignages recueillis lors de cette enquête, généralement de ses poings, de sa tête et de ses pieds. Outre les objets contondants et armes improvisées, ceinture, bâton, chaise viennent en seconde position. Les parties les plus exposées aux violences sont la tête, le visage, les membres. Les blessures provoquées sont en majorité légères et superficielles. Le mutisme de ces femmes, âgées pour la plupart de moins de 40 ans et qui sont battues depuis longtemps, s'explique, selon notre avocate, «par leur désir de sauvegarder l'apparence d'un foyer sain ou par sacrifice à cause des enfants dont elles ne veulent pas se séparer». Nous apprenons également que les victimes se font parfois établir un certificat pour coups et blessures qu'elles considèrent comme une arme en cas de récidive. Le nombre de jours d'incapacité accordé par le médecin légiste peut permettre, en effet, à la victime «de déposer plainte, de qualifier l'infraction et de classer celle-ci selon le degré de gravité dans la catégorie des contraventions, délits, crimes», explique notre interlocutrice.