Parcours n «600 DA dans le sac, j'ai pris le bus pour Alger que je découvrais pour la 1re fois. J'ai été mal orientée et j'ai beaucoup souffert pour enfin me stabiliser au SAMU de Dély Ibrahim.» Elle a été violée par 50 hommes et torturée durant un mois de captivité à Chlef par les terroristes. Elle avait à peine 16 ans. Elle a été reçue au Centre d'accueil de Bou-Ismaïl en 2000. Nous n'avons pas rencontré cette jeune fille, mais la directrice du centre témoigne. «Ce n'était pas facile de lui faire reprendre confiance en elle, mais nous lui avons sauvé la vie grâce à nos éducatrices et psychologues, en plus de sa scolarisation du niveau 6e en 9e AF de l'époque en bénéficiant d'une formation professionnelle en couture à Fouka», se rappelle la directrice du centre. «Actuellement, elle a un seul rêve : travailler avec les pompiers. Elle nous dit qu'elle veut aider les gens, comme elle a été aidée. Elle sait ce qu'est la souffrance. Alors, je lance un petit appel, si on peut lui faire se réaliser son rêve qu'elle n'a pu concrétiser malgré les concours qu'elle a passés. Je lui fais confiance, elle a des capacités», ajoute la directrice. Une autre victime, une autre histoire. Aldjia qui jeûnait, ce jour-là, nous accueille dans sa chambre. Elle est de Bouira. Elle travaille chez une famille à Alger comme femme de ménage. Son histoire est tragique. Elle commence le jour où elle entend l'un des terroristes qui venait, de force, s'approvisionner chez sa famille, selon elle, parler d'elle avec son frère pour se marier avec elle et la laisser chez elle, «terrorisée, j'ai sur le coup fui chez ma sœur mariée pour me réfugier chez elle. Puis avec 600 DA dans le sac, j'ai pris le bus vers Alger que je découvrais pour la 1re fois. J'ai été mal orientée et j'ai beaucoup souffert pour enfin me stabiliser au SAMU de Dély-Ibrahim. D'ailleurs, un chauffeur de taxi, au début, m'a fortement humiliée et grondée lorsqu'un policier lui a ordonné de me conduire à l'hôtel à Bab El-Oued et je ne faisais que pleurer.» Elle a réussi à trouver un travail chez une famille qui ne la payait que 1 500 DA par mois. «Depuis 2001, je suis ici, dans ce centre tout en travaillant chez une autre famille comme femme de ménage deux fois par semaine. Et je suis en train d'économiser un peu d'argent pour pouvoir acheter une modeste maison. Je voudrais qu'on m'aide à acheter une maison, ma propre maison. Je ne reviendrais plus chez moi bien que je sois toujours en contact avec ma famille à l'exception de mon frère. Dieu merci, je n'ai jamais été agressée.»