Projection n Malgré les insuffisances remarquées dans le marché du livre, le secteur promet un avenir radieux à la seule condition d'être entre de bonnes mains, estime Amin Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale. Beaucoup de voix s'élèvent pour affirmer que la place du livre dans notre société se rétrécit de jour en jour demeurant le parent pauvre de toutes les politiques et ce, malgré tous les discours sur le développement du marché du livre en Algérie. Un constat que ne semble pourtant pas partager l'écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale Amin Zaoui, invité de la chaîne III, ce mercredi matin. Selon lui, la situation du livre n'est pas aussi négative qu'elle paraît puisque sur le terrain, de nombreuses bibliothèques ont ouvert leurs portes, il y a de plus en plus de librairies et il est fait état d'une augmentation constante des éditeurs qui atteignent, ces derniers temps, le nombre de 504. M. Zaoui affirme, toutefois, que des insuffisances subsistent et cette situation incombe à l'Etat et plus particulièrement au ministère de la Culture. L'absence d'une loi sur le livre telle qu'il en existe dans d'autres pays qui donnent de l'importance à cet outil, a beaucoup contribué, selon lui, à renforcer cette anarchie et ce manque de lecture que connaît notre société. Il est grand temps, dit-il, de se pencher sur cette loi pour «le développement de la politique du livre en Algérie». Ainsi, pour faire avancer le livre, sachant que toutes les mesures qui devaient favoriser sa disponibilité et son accessibilité n'ont jamais été appliquées sur le terrain, Amin Zaoui recommande une présence plus efficace de l'Etat dans ce secteur. « Le livre c'est d'abord un service public et c'est à l'Etat de le prendre en charge, ainsi que le pouvoir d'achat du lecteur», précise t-il. La présence de l'Etat doit se traduire aussi par la suppression de toutes les taxes imposées aux librairies et aux maisons d'édition, selon lui. Les libraires en tant que principaux distributeurs, ont, ces dernières années et ce, à maintes reprises, dénoncé le fait qu'ils ne soient pas associés ou consultés dans l'importation du livre. Une anarchie qui risque d'être, soutient le premier responsable de la Bibliothèque nationale, «très dangereuse ». Pour lui, cette importation ne répondant à aucune norme, ni règle du marché peut s'avérer très préjudiciable, même si la nécessité de s'ouvrir sur le monde extérieur se fait de plus en plus sentir. Ainsi pour éviter toute dérive, il propose de réinstaurer les commissions de lecture pour un contrôle plus rigoureux de tous les livres importés entre autres le livre subversif à orientation wahabite. * Ecrivain et directeur de la Bibliothèque nationale.