Avis n Le marché du livre promet un avenir radieux à la seule condition d'être entre de bonnes mains, estime Amine zaoui avec qui nous nous sommes entretenus alors qu'il était encore directeur de la bibliothèque nationale. Pour lui, la situation du livre n'est pas aussi négative qu'elle paraît puisque sur le terrain, de nombreuses bibliothèques et librairies ont ouvert leurs portes en plus du nombre de plus en plus important d'éditeurs qui sont aujourd'hui au nombre de 504. Mais en dépit de cette relative prospérité, M. Zaoui a tenu à faire remarquer tout de même que des insuffisances subsistent tout en les incombant à l'Etat et plus particulièrement au ministère de la Culture. L'absence d'une loi sur le livre, telle qu'elle existe dans d'autres pays, a beaucoup «contribué à renforcer cette anarchie et ce manque de lecture que connaît notre société», dit-il, avant d'insister sur le fait qu'il ne peut y avoir de développement de ce secteur sans un texte réglementaire précis. Il recommande, à cet effet, une présence plus soutenue des responsables de l'éducation et de la culture sur le terrain, car c'est à eux d'assurer l'application de toutes les mesures prises à un haut niveau. Ce qui ne manquerait pas sans doute de favoriser la disponibilité et l'accessibilité au livre. L'Etat est appelé dans ce sillage à supprimer toutes les taxes imposées aux librairies et aux maisons d'édition, prône-t-il aussi. «Le livre c'est d'abord un service public et c'est à l'etat de le prendre en charge, ainsi que le pouvoir d'achat du lecteur», a par ailleurs estimé notre interlocuteur dans l'un de ses entretiens avec la presse. Par ailleurs, l'anarchie qui règne du côté des libraires en tant que principaux distributeurs risque d'être très préjudiciable, avertit l'ex-premier responsable de le bibliothèque nationale. En effet, les libraires ont à maintes reprises manifesté leur mécontentement quant à leur non-association dans l'importation du livre qui ne répond, semble-t-il, à aucune norme ni règle du marché. M. Zaoui a, dans ce contexte, insisté sur la nécessité de réinstaurer les commissions de lecture pour un contrôle plus rigoureux du contenu de tous ces livres qui nous viennent de l'étranger et qui sont importés le plus souvent par des commerçants plutôt que par des hommes de lettres. Faut-il rappeler les ravages et les dérives qu'a connus notre pays à cause des interprétations religieuses importées. Le retour de ces commissions est d'autant plus souhaitable qu'il pourrait peut-être même redonner confiance à ces voix qui s'élèvent de part et d'autre pour affirmer que la place du livre dans notre société se rétrécit de jour en jour, demeurant le parent pauvre de toutes les politiques.