Décalage n Les handicapés vivent le calvaire au quotidien. Entre les textes appelant à leur prise en charge et à leur insertion sociale et la réalité du terrain, le fossé ne cesse de se creuser. «Nous ne voulons pas que les pouvoirs publics s'intéressent au handicapé uniquement durant la Journée du 14 mars (sa Journée nationale), pour ensuite l'oublier 364 jours durant. Il faut qu'il soit considéré comme citoyen à part entière. Pourquoi les pays développés accordent-ils une grande importance à cette frange de la société et pas le nôtre ? Le handicapé est livré à lui-même et, en 2008, nous estimons qu'il est grand temps de le réhabiliter au sein de la société et de lui accorder respect et considération», martèlera , en guise d'introduction, Toufik Bouzidi, porte-parole de l'association Ettahadi (défi en arabe) lors du point de presse organisé, hier, au centre de presse du quotidien El-Moudjahid. Abondant dans le même sens, Hamza Bouzara, le président de cette association qui a vu le jour en 2003 et compte actuellement 300 adhérents, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger les responsables censés assister, soutenir et aider le handicapé dans sa vie de tous les jours. Pour l'intervenant, le handicapé souffre de moult problèmes : couverture sanitaire, absence de moyens lui permettant une certaine autonomie (fauteuils roulants entre autres), sécurité sociale, etc. Evoquant la pension (3 000 dinars) qui est allouée au handicapé, le président de l'association Ettahadi dira que cette dernière, au regard de l'actuel niveau de vie, est plus que dérisoire. «La promesse nous a été faite quant à une augmentation de cette pension, soit de 3 000 à 6 000 DA. En fait, cette fameuse pension, laquelle parfois enregistre 6 ou 7 mois de retard avant de nous parvenir, n'a fait qu'un léger bond puisqu'elle ne sera relevée qu'à 4 000 DA», dira en substance M. Bouzara. Dans la foulée, le président de l'association Ettahadi fera remarquer que la loi 90/31, en vertu de laquelle chaque association a droit à une subvention, ne s'applique malheureusement pas à la sienne. A la remarque faite par un confrère au sujet de l'existence d'une loi votée en 2002 et stipulant que chaque entreprise doit compter au sein de son effectif 1% au moins parmi les handicapés, l'orateur dira que ce texte, à l'instar de beaucoup d'autres, est malheureusement resté lettre morte. «Les responsables d'entreprises ne veulent pas de nous. Pour eux, nous constituons un fardeau qu'ils ne veulent en aucune manière porter», tiendra-t-il à préciser.En conclusion, les membres de l'association Ettahadi lancent un appel pour que le handicapé soit réhabilité. «Nous ne voulons pas de charité. Nous voulons juste l'application des lois votées en notre faveur», diront-ils en chœur.