Défaillance n Entre les pouvoirs publics et la population, le courant est rarement passé ! Et pour cause : la communication institutionnelle a été de tout temps sinon absente, du moins médiocre. Depuis toujours, le citoyen éprouve des difficultés à entrer en contact avec ceux qui le gouvernent pour leur exposer ses problèmes. «Certes, il espère trouver des solutions concrètes aux difficultés auxquelles il est confronté, mais au plus profond de lui, il souhaite avant tout être écouté, soutenu et réconforté», fait remarquer Mohammed Madani, tout en précisant que dans bien des cas, «le fait d'être écouté peut lui faire oublier ses soucis». Malheureusement dans les faits, les choses se passent autrement. Une simple entrevue avec le maire du coin nécessite beaucoup de patience et de «chance». Pour être reçu par le chef de daïra, c'est encore plus difficile. Décrocher un rendez-vous avec le wali ? Rares sont ceux qui en rêvent, car c'est quasiment mission impossible de nos jours. Dans un discours prononcé il y a quelques mois au Palais des nations, à Club-des-Pins, à Alger, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, déplorait le fait qu'il est «plus facile d'être reçu par un responsable de la Maison-Blanche ou du Kremlin que par un wali». De leur côté, les élus se plaignent régulièrement d'être marginalisés et de ne pas avoir toujours l'occasion de communiquer avec les représentants de l'Etat. Lors d'une rencontre portant sur la communication parlementaire organisée en décembre 2006 par le Conseil de la nation en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), un sénateur a déploré l'absence de communication entre les parlementaires et les ministres. «Il n'existe pas de passerelles réglementaires de rencontres parlementaires entre les élus et les ministères, comment voulez-vous que le Parlement écoute, réceptionne et transmette à qui de droit les préoccupations des citoyens ? Cela est impossible, il ne peut pas également assumer sa mission de contrôle parce qu'il n'a pas les données nécessaires», a-t-il affirmé en substance, non sans préciser que les questions orales sont le seul moyen de communication dont disposent les parlementaires. Quand elle existe, la communication institutionnelle s'avère défaillante, avec parfois des conséquences graves. L'on se souvient encore des déclarations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, au sujet du jeune Massinissa Guermah, mort à l'intérieur d'une brigade de gendarmerie à Béni Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en avril 2001. Des déclarations qui ont embrasé la Kabylie des semaines durant. Ou encore du mutisme observé par la présidence de la République concernant l'état de santé du Président après avoir fait état de son évacuation vers l'hôpital parisien du Val-de-Grâce en novembre 2005. Un mutisme qui avait ouvert la porte à toutes sortes de rumeurs, plongeant le pays dans le doute.