Retour n Longtemps «écartée» du parrainage du processus de paix au Proche-Orient et du conflit israélo-palestinien, la Russie veut réaffirmer son poids dans la région face au monopole américain et européen. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en tournée au Proche-Orient, a remis sur le tapis, lors de ses rencontres avec les dirigeants israéliens, le projet de Moscou d'accueillir une conférence internationale sur le Proche-Orient. «Nous négocions avec les différentes parties pour organiser une rencontre à Moscou», a déclaré M. Lavrov après son entretien avec son homologue israélienne Tzipi Livni, précédé par une entrevue avec le Premier ministre Ehud Olmert. A Ramallah, il a affirmé que la date de cette conférence «sera fixée dans un proche avenir». A la suite de la réunion d'Annapolis aux Etats-Unis organisée en novembre 2007 pour relancer les négociations israélo-palestiniennes, la Russie a proposé d'organiser une réunion de suivi à Moscou, notamment pour relancer le processus de paix israélo-syrien, gelé depuis 2000. Moscou vient donc par cette proposition, «contrecarrer» l'initiative de Berlin annoncée la semaine dernière par la chancelière allemande Angela Merkel qui s'est rendue «exclusivement» en Israël ignorant totalement les territoires palestiniens, qui a proposé, elle aussi, la tenue d'une conférence sur le Proche-Orient à Berlin. Le message du ministre russe a été donc très clair. Il est surtout destiné à Washington qui parraine seul et depuis les négociations de Madrid en 1994, qui ont abouti à la création de l'Autorité palestinienne, le processus de paix au Proche-Orient. L'initiative russe intervient aussi à la suite des négociations d'Annapolis, entre les Israéliens et les Palestiniens qui butent sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et dans la région de Jérusalem. Israël a exprimé, hier, vendredi, des réserves sur ce projet de conférence. «Par courtoisie diplomatique, nous n'avons pas repoussé ce plan mais en vérité, il ne nous enthousiasme pas», a déclaré un haut responsable qui a requis l'anonymat. M. Abbas l'a, en revanche, favorablement accueilli. «Nous avons insisté sur la nécessité d'organiser cette conférence de suivi à Moscou le plus tôt possible», a-t-il dit lors de la conférence de presse. M. Lavrov a effectué aussi une visite en Syrie où il a prôné «un règlement global» du conflit israélo-arabe. Il a aussi rencontré mercredi à Damas Khaled Mechaâl, le numéro un du Hamas. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a, en outre, critiqué vendredi la colonisation israélienne et le blocus imposé à Gaza. «Les activités de colonisation israéliennes nous préoccupent et nous appelons Israël à y mettre fin», a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse avec le Président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie. «Le blocus imposé à Gaza est inacceptable et il faut qu'il y soit mis fin pour que le peuple palestinien puisse vivre normalement», a-t-il ajouté.