Importance n Au Sahara occidental, la femme préserve depuis la nuit des temps sa place déterminante qu'elle a arrachée. La femme sahraouie a plusieurs casquettes et est symbole de sagesse et de sécurité. Ainsi, en plus d'être mère, elle est aussi la dirigeante, l'institutrice, l'administratrice, l'agricultrice et la chargée de l'accueil «istiqbal» des invités. Elle s'occupe de toute la famille, en l'absence de l'homme, comme elle a le droit de marier sa fille. «cela ne veut pas dire que l'homme n'est pas respecté. Au contraire, on travaille avec lui et on allège la charge familiale pour qu'il puisse s'occuper du combat», a insisté Khalti Fatma chez laquelle nous avons passé 10 jours. Durant cette période, on a partagé ses journées pleines d'activités du lever du soleil jusqu'à des heures tardives de la nuit, avant d'éteindre «une petite torche» ou une bougie pour aller dormir dans sa tente après s'être assurée que son fils ou son mari souvent accompagnés d'invités, ont dîné. «les femmes mangent toujours après les hommes», nous dit-elle. La femme sahraouie ne se plaint d'aucun problème : ni familial, ni personnel, ni même de santé. Elle a su s'adapter à cette vie dure imposée par la colonisation. Depuis l'installation des réfugiés sur les terres algériennes, en 1975, elle est le «monsieur fait-tout». Elle s'est retrouvée avec de nouvelles tâches qu'elle n'exerçait pas beaucoup avant la guerre contre le Maroc et celle contre l'espagne. La femme dresse sa propre kheïma (tente) ou, comme elle le dit si bien «guitoune», seule ou avec l'aide de ses voisines. Elle vous accueille avec des senteurs de bkhour (encens) et d'eau de Cologne qu'elle nomme misk pour souhaiter la bienvenue à ses invités. Elle a découvert la construction de pièces en terre depuis sa venue dans les camps de réfugiés : une zone glaciale et pluviale en hiver. Un nouveau climat qu'elle ne connaissait pas dans son pays. «c'est pour nous protéger du froid et des pluies que nous avons été poussés à construire des chambres en terre juste devant la kheïma pour nous dépanner, le temps du retour définitif sur nos territoires sahraouis», nous a expliqué Khalti Fatma. «la femme est également présente en masse au conseil national (parlement) avec le taux de 33,96% et représente le front Polisario dans le monde entier», a répondu le président de la république sahraouie, Mohamed Abdelaziz, à Infosoir au sujet du rôle de la femme sahraouie qui s'est imposée au conseil national. «cette année, nous sommes membres de l'union africaine avec laquelle nous nous sommes engagés. Nous avons demandé que le nombre de femmes au conseil soit égal à celui des hommes. ce qui dépasse les vœux du conseil économique et social de l'ONU qui demandait qu'on puisse atteindre les 30%. Elle représente, aujourd'hui, les 34% sur les 53 membres du conseil. Car la femme sahraouie a prouvé ses capacités en matière de sensibilisation politique et sociale», s'est-il félicité. Le séjour au camp de Smara est inoubliable car nous avons côtoyé les sahraouis durant plusieurs jours et plusieurs nuits. Il y a environ 60 000 réfugiés sur les terres algériennes, selon les statistiques de 2001, dont près de la moitié sont des femmes qui attendent que leur pays soit libéré pacifiquement ou par les armes.