Résumé de la 1re partie n Pour éviter que toute la famille ne soit découverte, le subtil voleur décapite et enterre la tête de son frère qui venait de tomber dans le piège tendu par les gardiens de Beït el-mel. Le voleur savait que sa mère ne retiendrait pas ses cris et ses larmes. Il avait déjà eu beaucoup de mal à étouffer ses lamentations le soir où il avait enterré la tête dans la cour. Il promit à sa mère de voler le corps de son frère pour lui donner une sépulture, mais auparavant, il devait trouver une solution pour qu'elle ne soit pas démasquée le jour où elle verrait le corps de son cadet suspendu à un arbre. Aucune mère au monde ne pourrait maîtriser ses émotions dans une situation pareille. Le voleur eut une idée. Il lui conseilla : — Ma mère ! Prends ces sacs. Mets dans l'un des grains de blé, dans le deuxième des fèves sèches, dans le troisième des pois chiches, dans le quatrième le l'orge et dans l'autre du seigIe. Multiplie les sacs et les graines. Lorsque tu arriveras devant le corps de mon défunt frère, laisse le tout tomber et les graines s'éparpiller. Ensuite, tu n'auras qu'à laisser éclater ton chagrin en pleurant haut et fort. Lorsque les gardes viendront t'interroger, dis-leur que tu pleures car tes graines se sont mélangées. La vieille suivit ces conseils et pleura devant le cadavre de son fils. Elle soulagea son cœur et son foie comme on dit. Elle s'arracha les cheveux, se lacéra les joues et frappa ses cuisses de ses mains. Lorsque les gardes vinrent pour la saisir, elle leur cria : — C'est votre faute, cette chose horrible suspendue à l'arbre m'a effrayée à tel point que j'ai laissé tomber toutes mes graines. C'était ma réserve pour l'hiver. Que vais-je devenir maintenant que tout est mélangé ? Les gardes s'excusèrent et la conduisirent auprès du Sultan qui lui offrit une pièce d'or pour la dédommager. Dans la nuit, le subtil voleur coIla sur les cornes de quelques boucs des bougies allumées. Il lâcha le troupeau en direction des gardes qui surveillaient le cadavre toujours suspendu à l'arbre. Lorsque ceux-ci aperçurent dans le noir les reflets des cornes et des museaux avancer vers eux, ils détalèrent en hurlant tout effrayés : — C'est ‘azrain ! C'est ‘azrain qui vient prendre le cadavre. Ils se sauvèrent sans demander leur reste. Le voleur en profita pour emporter le cadavre qu'il enterra avec la tête dans la cour. Le Sultan était furieux : — Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! Vous avez laissé le corps disparaître. (à suivre...)