Résumé de la 2e partie n Grâce à sa ruse, le voleur de Beït el-mel parvient à récupérer le corps de son frère et l'enterre avec sa tête... Quelque temps après, le Sultan qui passait son temps à réfléchir au moyen d'attraper le voleur, annonça à ses gardes : — Je vais organiser un team (une fête). Invitez tous les hommes à dîner et servez du vin à profusion pour délier les langues. Le crieur public clama par les rues : — Ecoutez bonnes gens ! Le Sultan fait un team, vous êtes tous invités, les absents comme les présents. Que ceux qui sont ici le disent à ceux qui sont ailleurs. Le voleur qui avait un penchant pour le vin, se soûla et se mit à se vanter de tous ses exploits. Les gardes le repérèrent au milieu de la foule et, une fois que tous les hommes furent endormis sur les tapis mis à leur disposition, ils lui rasèrent la tête pour le distinguer des autres le lendemain matin. Heureusement qu'il reprit ses esprits dans la nuit et trouva son crâne sans cheveux. Il comprit l'astuce, rasa toutes les têtes des hommes endormis et se recoucha. Le matin, le Sultan accompagné de ses gardes, vint, lui-même, se saisir de l'homme à la tête rasée. Il trouva tous les invités sans cheveux. Il hurla, désespéré : — Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! La fois suivante, le Sultan ordonna à ses gardes : — Emmenez l'autruche au souk ! Faites semblant de ne pas la surveiller et guettez celui qui sera tenté de la voler. Attrapez-le, ce sera lui le voleur de Beït el-Mel. En ce temps-là, les autruches étaient rares et leur graisse représentait un remède précieux et coûteux. Le voleur apprit la nouvelle et emporta une outre remplie de fèves qu'il perça aux deux extrémités. Au souk, il tourna autour de la bête en laissant les fèves s'échapper. Comme les autruches aimaient les fèves, elle le suivit. Une fois derrière le mur, il s'en saisit, lui tordit le cou, l'enveloppa dans son burnous et rentra chez lui. Il la pluma, la découpa et mit la précieuse graisse de côté dans la réserve. Puis il fit promettre à sa mère d'être vigilante et d'oublier qu'il y avait de la graisse d'autruche dans la maison. Le Sultan, alerté du vol, jeta son turban par terre et cria : — Chiens, fils de chiens ! Incapables, fils d'incapables ! Je vous ai dit de faire semblant de ne pas surveiller et non d'oublier de surveiller. Si seulement ce voleur avait été l'un de mes gardes, j'aurais eu la paix. Allez me chercher la vieille Settout. On fit venir Settout (qu'elle soit maudite, elle, la rusée, capable de tout. Que Dieu nous en préserve !) Le Sultan lui promit une grande récompense si elle l'aidait à capturer le voleur de Beït el-Mel. Pour cela, il suffisait de trouver de la graisse d'autruche. — Celui qui a la graisse d'autruche, c'est lui le voleur, dit-il. Settout visita les maisons de la ville l'une après l'autre. Elle saluait les habitants et demandait : — Bonjour ! Je cherche un peu de graisse d'autruche pour Sidi le Sultan qui a mal au dos meskine (le pauvre). Les femmes lui répondaient : — Vieille femme ! Qui peut posséder un remède aussi précieux si le Sultan lui-même ne le possède pas ? De porte en porte, elle arriva chez la mère du voleur : — Tu n'aurais pas un peu de graisse d'autruche ? C'est pour le Sultan ! Meskine, il a mal au dos, il ne peut plus bouger. Seule la graisse d'autruche peut le guérir. (à suivre...)