Résumé de la 88e partie n Pour épater Loretta, Ernie dévoile son secret. Le barman annonce la fermeture du bar… Son sourire triomphant témoignait de sa sincérité. «Le plus marrant, c'est que Wilma le sait même pas. Elle est partie chez sa frangine Dorothy et ne reviendra que demain.» Cherchant son portefeuille, Ernie demanda l'addition. Lou s'approcha et regarda Ernie se lever et vaciller sur le sol qui semblait soudain tanguer sous ses pieds. «Ernie, attends un peu, dit-il. T'es complètement beurré. Je te reconduirai chez toi après la fermeture. T'auras qu'à laisser ta voiture ici.» L'air offensé, Ernie se dirigea vers ce qu'il prenait pour la sortie. Lou insinuait qu'il était bourré. Quel culot. Il ouvrit la porte des toilettes pour dames et s'installa sur le siège avant d'avoir réalisé son erreur. Sautant à bas de son tabouret, Loretta dit précipitamment : «Lou, je vais le reconduire. Il habite à deux rues de chez moi.» Le front décharné de Lou se plissa. «Jimbo verrait pas ça d'un bon œil. —T'as qu'à pas lui dire.» Ils observèrent Ernie qui sortait en titubant des toilettes. «Bon Dieu, tu ne crois tout de même pas qu'il va essayer de me draguer !» Lou finit par accepter. «Tu me rends service, Loretta. Mais pas un mot à Jimbo, hein ?» Loretta laissa échapper un rire rauque. «J'ai pas l'intention de perdre mes nouvelles dents. J'en ai encore pour un an a les payer.» Quelque part derrière lui, Ernie entendit vaguement un bruit de voix et de rires. Tout à coup il se sentit vraiment patraque. Les motifs géométriques du sol se mirent à danser, comme un tourbillon de taches qui valsaient devant ses yeux, lui donnant la nausée. «Je vais te déposer, Ernie.» Au milieu du tumulte qui emplissait ses oreilles, Ernie reconnut la voix de Loretta. «Drôlement sympa de ta part, bafouilla-t-il. J'ai dû un peu trop fêter l'événement. Il entendit confusément Lou l'inviter à boire un verre quand il reviendrait chercher sa voiture. — Dans la vieille Pontiac de Loretta, Ernie renversa sa tête contre le dossier et ferma les yeux. C'est seulement en sentant Loretta le secouer pour le réveiller qu'il se rendit compte qu'ils étaient arrivés devant chez lui. «File-moi ta clé, Ernie. Je vais t'aider à entrer.» Passant le bras d'Ernie autour de ses épaules, elle le soutint pendant qu'ils longeaient l'allée. Ernie entendit le bruit de la clé dans la serrure, se rendit vaguement compte qu'il traversait le séjour après avoir franchi l'entrée. «C'est laquelle ? — Quelle quoi ?» Il avait du mal à remuer les lèvres. «Quelle chambre ?» La voix de Loretta avait un ton impatient. «Allons, Ernie, t'es pas particulièrement léger. Oh, laisse tomber. C'est sûrement l'autre pièce. Celle-ci est remplie des statues d'oiseaux que fabrique ta fille. Même un asile de fous n'en voudrait pas pour sa tombola. Personne n'est assez cinglé.» (à suivre...)