Résumé de la 91e partie n Comme il fallait s'y attendre, Wilma n'a pas échappé et ce, toute la journée, aux critiques exacerbées de sa sœur Dorothy. Le lendemain à midi, Wilma descendit du train à Newark. Ernie devait venir la chercher. En se dirigeant vers leur point de rendez-vous habituel, près de l'entrée principale, elle s'inquiéta de trouver à sa place Ben Gump, leur voisin. Elle se précipita vers lui, son ample silhouette tendue par l'inquiétude. «Que se passe-t-il ? Où est Ernie ?» Le mince visage de Ben s'éclaira d'un sourire rassurant. «Tout va bien, Wilma. Ernie s'est réveillé un peu grippé ou je ne sais quoi. Il m'a demandé d'aIler vous chercher. Ça me dérangeait pas, parce que j'avais rien à faire qu'à regarder l'herbe pousser.» Ben s'esclaffa en énonçant cette plaisanterie dont il avait fait son sIogan depuis qu'il était à la retraite. «Grippé, fit Wilma. Tu parles !» Ernie était un homme plutôt calme et il tardait à Wilma de se retrouver tranquillement chez elle. Au petit-déjeuner, sachant qu'elle allait perdre son auditoire, Dorothy n'avait cessé de parler, débitant un torrent de remarques acerbes à vous donner la migraine. Excédée par l'allure d'escargot de Ben et ses histoires interminables, Wilma trompa son ennui en songeant au plaisir qu'elle prenait à chercher dans le journal les résultats de la loterie. 1-9-4-7-5-2, 1-9-4-75-2, se répétait-elle en son for intérieur. C'était stupide. Le tirage avait déjà eu lieu et elle n'en continuait pas moins à avoir une sorte d'heureux pressentiment. Ernie lui aurait téléphoné, bien sûr, s'ils avaient gagné, ou s'ils avaient frôlé le numéro gagnant, avec trois ou quatre bons numéros signifiant que la chance était en train de tourner en leur faveur. Elle remarqua que la voiture n'était pas dans l'allée du garage et en devina la raison. Elle était probablement restée devant l'Harmony Bar. Wilma parvint à se débarrasser de Ben Gump à la porte, le remerciant chaleureusement d'être venu la chercher mais ignorant ses allusions sur les bienfaits d'une bonne tasse de café. Puis elle alla directement à leur chambre. Comme elle s'y attendait, Bernie était au lit, les couvertures remontées jusqu'au menton. Un seul coup d'œil lui suffit pour se rendre compte qu'il avait une gueule de bois carabinée. «Quand le chat est parti, les souris dansent, soupira-t-elle. J'espère que tu as la tête comme un ballon !» Dans son irritation, elle renversa le pélican d'un mètre de haut que Willie leur avait envoyé pour Thanksgiving et qui était perché sur la table près de la porte de la chambre. En tombant bruyamment sur le plancher, l'oiseau entraîna avec lui le poinsettia en pot que Wilma avait acheté pour Noël. A bout de patience, elle ramassa les morceaux du pot, arrangea la plante tant bien que mal et remit en place le pélican auquel manquait désormais une aile. Mais sa bonne humeur naturelle reprit le dessus cgnant, qu'ils avaient été à deux doigts de gagner. Elle se prépara une tasse de café et un toast avant de s'installer à la table de la cuisine et d'ouvrir le journal. (à suivre...)