A Haï Er-Remli, dans ce monde de b'rarek, la cohabitation est forcée. L'espace rapproche les traditions et les coutumes même si sur une carte géographique, il faut faire un grand empan pour rapprocher Chellalat La'adaoura de Aïn Boucif. El-Hadj Ahmed fait partie des pionniers. Sa 404 bâchée, cette mangeuse de bitume, n'a pas la moindre ride. C'est avec ce véhicule toujours immatriculé «26» et au repos ce vendredi qu'il a pu ramener de semmar et de Sainte-Corinne (El-Harrach) du parpaing, du zinc et des tôles pour bâtir, sur un petit bout de terre sa demeure de fortune. Un seul garçon l'aidait, il y a douze ans, dans ses corvées de maçon. Aujourd'hui, ils sont neuf sous le même zinc. Douze si sa fille mariée à un neveu qui habite à quelques pâtés de maisons d'ici, venait à passer deux ou trois nuits en famille avec ses deux gosses, sans compter les mille choses qu'elle doit empaqueter pour les petits besoins de son bébé, un garçon auquel il faudra chercher plus tard de l'espace… le jour où il se décidera à se marier. «Quand j'ai mis les pieds dans cette région pour la première fois, je n'ai trouvé de répit que lorsque j'ai ramené beaucoup de personnes de mon village», explique Cheikh Ahmed. Pour lui, comme pour beaucoup d'autres à Haï Remli, l'honneur de la tribu est une règle. Mais quand on vit dans un bidonville, on doit avoir au moins, les ongles bien limés pour essayer d'ôter l'étiquette de la prostitution… Lire demain notre dossier : «Témoignage sur un phénomène caché»