En Algérie, on apprécie beaucoup le chien, animal de chasse, de garde et, de nos jours, dans les villes, de compagnie... Mais comme dans de nombreuses langues, son nom est partout synonyme de vilenie et de bassesse : kelb en arabe, aqjun en kabyle (dans les autres dialectes berbères le nom répandu est aydi) sont des insultes courantes :Ya kelb (ô chien !) ; nnbah ki lkelb (aboie comme un chien) ; ttebe'ni ki kelb (suis-moi comme un chien) et, par-dessus tout, yawlid el-kelb ! (fils de chien !), autrement dit homme sans dignité avec, en filigrane, un doute sur la filiation de celui ou de celle qu'on insulte. Les plus grossiers ajoutent d'ailleurs au mot «chien» l'épithète, en français, de «bâtard». Les différentes races canines sont également disqualifiées et servent à stigmatiser des caractères : bouledogue signifie «grognon, personnage laid et désagréable», chien berger «personne soumise», caniche «larbin», sloughi «maigrichon», jusqu?au pit-buIl, que la plupart ne connaissent que de nom, pour désigner une personne agressive ou peu commode. La disqualification du chien vient, sans doute, du fait que cet animal se nourrit de déchets, voire d'excréments, mais il y a aussi cette antipathie pour sa soumission et sa servilité, sa nature à dépendre d'un maître. Oubliée l'intelligence de l'animal, oubliée sa bonté, oubliés les services inestimables qu'il rend à l'homme ! «Kalb, kalb, lowla ându qellada dheb (un chien est un chien, même s'il porte un coIlier en or !)», dit le proverbe. Le chien est certainement le meilleur ami de l'homme, mais nos langues ne lui rendent pas l'hommage qu'il mérite !