Tradition n Forme primaire des échanges commerciaux entre les hommes, le troc demeure encore largement pratiqué dans la région, en dépit des changements socio-économiques intervenus. Le troc signifie l'échange d'une marchandise contre une autre sans le recours à l'intermédiation monétaire. Dans les Ziban, il se pratique souvent entre les gens de la région et ceux venant d'ailleurs. Les troqueurs, ou «beddala», les plus visibles sont les marchands de légumes ambulants qui transportent, sur des carrioles tirées par un animal, des produits maraîchers qu'ils échangent contre des dattes, des vêtements usagés, etc. Pour leurs longs déplacements à travers les villes et les villages de la région, d'autres utilisent des charrettes à deux roues et proposent d'échanger des articles ménagers, souvent de la vaisselle et des ustensiles en plastique. Les articles proposés diffèrent selon la région d'origine des «marchands». Ainsi, ceux venant des Aurès proposent du blé, de l'orge, des glands et des piments secs, ceux du Titteri, de petits articles et ustensiles ménagers. En échange, les Aurassiens préfèrent les dattes alors que les gens du Titteri affectionnent les articles en plastique et les métaux destinés aux industries de récupération. Les produits ainsi collectés sont revendus aux unités industrielles pour être recyclés. Les revenus de cette activité ont poussé nombre de «beddala», à recruter des «assistants» pour collecter de plus grandes quantités d'articles recyclables. Certains louent même des hangars dans les grandes villes pour les besoins du stockage. Ainsi à Tolga, les troqueurs entassent en plein air des piles entières d'articles hétéroclites collectés. Se déplaçant souvent en groupe, ils sillonnent, à longueur d'année, toutes les agglomérations à la recherche du précieux produit à échanger puis à revendre. Selon les connaisseurs, cette forme de négoce est utile pour les ménages qui, sans mettre la main à la poche, acquièrent des articles neufs tout en se débarrassant d'autres devenus encombrants. Le marché populaire, organisé le 26 de chaque ramadan en marge de la fête de Sidi Khaled à Tolga, devient, à chaque fois, le théâtre de vastes opérations de troc entre les phœniculteurs locaux et les marchands des localités environnantes. Les dattes y sont généralement le produit le plus échangé contre surtout des articles en bois. Autre forme de troc : les ménagères d'un même quartier ont très souvent l'habitude, dans cette région, de s'échanger le plat du jour, de sorte à diversifier le menu de la famille, sans avoir à préparer deux mets à la fois. Selon des témoignages, les «beddala» ont tendance aujourd'hui à se spécialiser.