Alerte n Nos puits, nos gueltas, nos barrages et nos fosses septiques sont un danger public numéro 1. Pour la seule année 2007 , le bilan, chiffres combinés de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale, comptabilise plus d'une centaine d'accidents mortels, entre chutes dans les puits et dans les fosses septiques et les noyades dans les gueltas, à travers le territoire national. Des familles entières ont été frappées de plein fouet par un destin cruel. Si l'arrière-pays qui compte beaucoup d'exploitations agricoles nécessitant la technique du forage reste concerné par le plus grand nombre de décès tragiques, le Nord a, lui aussi, son lot de malheurs. Mais le fait le plus douloureux a eu lieu, en septembre dernier, au douar Hetatcha, wilaya de Tissemsilt. En l'espace de quelques secondes, la famille Malki a perdu six des siens. Trois garçons et trois filles. Tous morts par noyade dans une mare située dans une sebkha non loin du domicile parental. La triste nouvelle a fait le tour d'Algérie. Les enfants partis laver des sacs de semoule, histoire d'aider leurs parents, ne sont pas revenus à la maison. Récemment encore, un petit écolier de Aumale, petite bourgade dans la wilaya de Boumerdès, a fait une chute mortelle au fond d'un puits alors que, selon ses voisins et ses petits camarades de classe, il voulait s'offrir une petite «récréation» sur le chemin de l'école. Les grandes retenues d'eau sont, elles aussi, des tombeaux ouverts. La paisible commune de Birtouta se souvient toujours de Nadjet et de Bilal, respectivement 12 et 9 ans. La fille et son frère ont fait une chute mortelle dans une mare de quelque 25 mètres carrés d'étendue à Haouch Sabou, où ils avaient l'habitude de jouer. Ce lieu de villégiature – à défaut de terrain de jeux et de proximité – pour les enfants qui ont l'âge de Nadjet ou de Billel, est, en fait, un espace d'irrigation pour les terres agricoles. Erreur fatale, on n'a pas jugé utile de dresser une clôture. Plus loin dans la wilaya d'El-Tarf, cette fois-ci ce sont deux petits d'â peine deux ans qui sont morts en jouant à cache-cache juste derrière la maison de leur grand-père. Derrière la maison, il y avait un puits. Comme ces victimes innocentes, bon nombre de chérubins perdent leur vie en voulant faire l'école buissonnière, trahis par leur innocence mais surtout par ces propriétaires de puits qui, constatant le tarissement de l'eau, ne daignent pas combler leurs «tombes» faute d'argent. Ces victimes sont aussi trahies par les entreprises qui font dans le forage sans la moindre protection et par les sous-traitants qui creusent jusqu'à 10 m de profondeur sans tenir compte des règles élémentaires de sécurité, pourtant clairement mentionnées au préalable dans les cahiers des charges. Dans ce registre précis, la wilaya de Biskra a eu son histoire. Il n'y a pas longtemps une fosse gorgée d'eau dans un chantier à la petite commune de Chaaiba était destinée à la construction d'un pilier en béton. Deux enfants y ont laissés leur vie. Ni piscine, ni espace de jeu, ni jardin. Cette fosse-là, était la seule attraction.