Inspiration L'immensité du territoire algérien a permis l'émergence d'une panoplie de genres musicaux, tous guidés à partir de poèmes mettant en valeur des idées et des traditions. une certaine époque, le poète représentait pour son entourage l'élément intellectuel par excellence, bien que la plupart du temps, il ne soit jamais allé à l'école. Le long des bandes côtières, dans la région des Hauts-Plateaux comme dans le Sud, la poésie populaire s'est perpétuée à travers le temps. En Algérie, la richesse et l?abondance de la poésie populaire étaient considérées comme instructives à travers ses encyclopédies humaines. N'a-t-on pas dit que les poètes arabes, en général, étaient jadis des journalistes, en quelque sorte, car en l?absence de moyens de communication, leurs textes se répandaient aussi rapidement que la prose, si ce n'est plus, et parfois la réplique est absente. Dans le Sud algérien, plus précisément dans l'Ahaggar (Tamanrasset) et le Tassili (lllizi et Djanet), la beauté du paysage, le bruit du vent, le silence de la nuit ainsi que la grâce de la gazelle dans sa course rythmée, ces faits d?harmonie suscitent un sens poétique extrêmement développé. Marchant le long d?une piste, à dos de chameau ou à bord d'un véhicule, le Targui chante des poèmes afin de passer le temps. Parfois l?esprit emporté par l'immensité du désert, parfois joyeux, en fonction de ses états d?âme, ses peines, ses joies et ses espoirs. Hommes et femmes du Hoggar ou du Tassili sont capables de composer un poème en un clin d'?il. D'après le père De Foucaud, missionnaire chrétien, qui a eu la possibilité de vivre avec les Touareg pour consigner, recueillir et traduire plusieurs de leurs poésies, fables et dictons, le poème est un jeu et chaque événement transcendant est rimé ou chanté. «Souvent, les poèmes prennent l'allure de joutes littéraires où les meilleurs s'affrontent sur les sujets opposant les tribus», a-t-il indiqué dans ses relevés. Ayant vécu auprès des Touareg de l'Ahaggar, il ne pouvait négliger la masse d'informations recueillies tout au long de son séjour dans cette partie de l'Algérie profonde. Au lendemain de sa mort, le manuscrit de ses recherches a été retrouvé parmi ses affaires. Il contenait quelque 215 proverbes.