Une équipe d'archéologues et d'architectes va rendre à un large public, par des travaux d'aménagement, un monument presque oublié du centre d'Alexandrie : la citerne El-Nabih, impressionnante cathédrale souterraine qui servait jadis à stocker l'eau du Nil. «Les savants, qui accompagnaient Bonaparte, avaient recensé plus de 400 de ces citernes à Alexandrie», explique Jean-Yves Empereur, chercheur au Cnrs et qui mène, depuis une quinzaine d'années, à la tête du Centre d'études alexandrines (CEA), des fouilles de sauvetage dans le grand port égyptien de la Méditerranée. De l'extérieur, le lieu n'a rien de spectaculaire. Un jardinet, une porte, un escalier qui s'enfonce dans le sol. Mais soudain, par une petite ouverture, apparaissent trois étages d'élégantes colonnades, chapiteaux, arcs et travées. Au IXe siècle après J.-C., les bâtisseurs de ce monument «ont réutilisé des éléments architecturaux de monuments antiques, des colonnes de granite, des bases, des chapiteaux», ajoute Jean-Yves Empereur. «La citerne a été restaurée vers 1950, mais elle n'est guère visitée», ajoute-t-il. De l'Antiquité à la fin du XIXe siècle, les Alexandrins stockaient dans ces centaines de citernes l'eau qu'un canal amenait depuis le Nil, à une trentaine de kilomètres à l'est d'Alexandrie.