Tension n Le chef chiite menace de réagir si les opérations des forces irakiennes et américaines contre sa milice se poursuivaient. Ce dimanche, les mosquées du quartier chiite de Bagdad, Sadr City, ont relayé l'appel à la guerre du jeune chef Moqtada Sadr et des accrochages ont fait 8 morts et 22 blessés ce dimanche matin, dans ce bastion de sa milice, l'armée du Mahdi. Selon des habitants du vaste secteur du nord-est de la capitale irakienne, les haut-parleurs des mosquées ont diffusé le communiqué publié, hier, samedi, par Moqtada Sadr, menaçant d'une «guerre ouverte» si les troupes irakiennes et américaines ne cessaient pas leurs attaques contre son mouvement. «Combattez l'occupant, chassez-le de vos maisons», ont lancé les haut-parleurs. «Nous voulons que le siège de Sadr City soit levé», ont encore réclamé les appels nocturnes diffusés par des partisans de Sadr. Les messages ont également accusé les Etats-Unis de semer la zizanie parmi les chiites, et ont exhorté les troupes irakiennes, sous les ordres du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, «à ne pas combattre leurs frères». «Je donne un dernier avertissement au gouvernement irakien pour qu'il choisisse le chemin de la paix et arrête les violences contre son propre peuple, sinon ce sera un gouvernement de destruction», assure Moqtada Sadr qui contrôle les 60 000 combattants de la plus puissante milice d'Irak. Depuis des jours, des affrontements intermittents opposent les troupes irakiennes et américaines aux miliciens chiites dans Sadr City, qui abrite plus de deux millions d'habitants. Devant cette montée de violence, l'armée américaine a commencé cette semaine la construction d'un mur à Sadr City, où de nouveaux accrochages, hier, samedi, avec des miliciens ont fait au moins 15 morts. Le commandement américain assure que cet ouvrage de béton de plusieurs mètres de haut doit empêcher les tirs de roquettes vers le reste de la capitale irakienne, notamment la Zone verte, enclave fortifiée qui abrite le gouvernement irakien et l'ambassade des Etats-Unis. Moqtada Sadr avait déclaré un cessez-le-feu en août 2007, salué par le commandement américain comme un élément essentiel du calme relatif qui s'était installé en Irak à la fin de l'année dernière. Mais fin mars, dernier, le Premier ministre irakien a lancé ses troupes contre ce qu'il a appelé des «éléments criminels» à Bassorah. L'armée du Mahdi s'est sentie visée et a combattu la police et l'armée. Les affrontements se sont étendus à d'autres villes du sud de l'Irak et aux quartiers chiites de Bagdad, jusqu'à ce que Moqtada Sadr donne l'ordre à ses partisans de rentrer chez eux. Les Sadristes soupçonnent le gouvernement Maliki de vouloir les affaiblir, voire de les éliminer, avant des élections cruciales en octobre, prochain. Le mouvement, qui bénéficie d'une grande popularité, a retiré ses ministres du gouvernement et ses députés de la majorité parlementaire.