Rien ne va plus en Irak. À feu et à sang depuis l'invasion américaine en mars 2003, le pays risque de s'enfoncer davantage dans la violence avec cet appel de Moqtada Sadr à la révolte contre les forces d'occupation et irakiennes. Les mosquées de Sadr City, le bastion du jeune Moqtada Sadr dans la capitale irakienne, ont exhorté hier à chasser les Américains après l'appel de leur chef à la révolte si les attaques contre son mouvement se poursuivaient. Ainsi, les haut-parleurs des mosquées utilisés pour l'appel à la prière ont lancé dans la nuit : “Combattez l'occupant, chassez-le de vos maisons.” Ils ont diffusé le communiqué publié samedi soir par Moqtada Sadr, menaçant d'une “guerre ouverte” si les troupes irakiennes et américaines ne cessaient pas leurs attaques contre son mouvement. “Nous voulons que le siège de Sadr City soit levé”, ont encore réclamé les appels nocturnes diffusés par des partisans de Moqtada Sadr. Les messages ont également accusé les Etats-Unis de semer la zizanie parmi les chiites et ont exhorté les troupes irakiennes, sous les ordres du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, “à ne pas combattre leurs frères”. Depuis des jours, des affrontements intermittents opposent les troupes irakiennes et américaines aux miliciens chiites dans Sadr City, qui abrite plus de deux millions d'habitants. Les unités américaines ont commencé à y construire un mur, censé prévenir des tirs de roquettes et de mortiers contre le reste de la ville, et notamment la “zone verte” , l'enclave fortifiée qui abrite le gouvernement irakien et l'ambassade des Etats-Unis. Selon des sources médicales et au sein des services de sécurité, 8 personnes ont été tuées et 22 blessées dans des violences dans la nuit de samedi à dimanche dans Sadr City. Selon le commandement américain, des hélicoptères américains ont attaqué des “criminels”, et en ont tué 7 dans une série d'incidents séparés samedi soir. Les combats qui ont recommencé dans ce secteur le 6 avril ont fait au moins 125 tués et des dizaines de blessés, en majorité des civils. Les Américains assurent que l'objectif des récentes opérations dans Sadr City est de neutraliser des éléments incontrôlés qui désobéissent aux ordres de cessez-le-feu de Moqtada Sadr. Mais les Sadristes, dernière milice irakienne farouchement opposée à la présence américaine en Irak, affirment être la cible d'une campagne systématique pour les affaiblir, voire les éliminer. “Je donne un dernier avertissement (...) au gouvernement irakien pour qu'il choisisse le chemin de la paix et arrête les violences contre son propre peuple, sinon il sera un gouvernement de destruction”, a assuré Moqtada Sadr dans son message samedi soir. “S'il n'arrête pas l'action des milices qui ont infiltré le gouvernement, nous déclarerons une guerre ouverte jusqu'à la libération”, avertit Moqtada Sadr, qui contrôle les 60 000 combattants de la plus puissante milice d'Irak. R. I./Agences