Griefs n Les habitants relèvent des irrégularités dans la procédure d'expulsion et soupçonnent un changement du tracé de l'autoroute à leurs dépens. Les expropriés de Ouled Hamada ne remettent pas en cause le principe de la démolition de leurs habitations. C'est un projet d'utilité publique et loin d'eux, affirment-ils presque unanimement, l'idée de s'y opposer. Tout comme ils reconnaissent tous qu'ils ont construit sans permis de construire, expliquant qu'il s'agit d'une «pratique courante à travers tout le territoire national». Ce qu'ils dénoncent, en revanche, c'est la façon dont se sont effectuées leur expulsion et la démolition de leur habitation. Ils affirment que le recours à la force publique a traumatisé les habitants, notamment les femmes et les enfants. «Les gendarmes, venus en grand nombre, ont utilisé des grenades lacrymogènes. Un bébé de six mois a dû être évacué à l'hôpital après avoir inhalé les gaz», témoignent-ils. D'autres affirment n'avoir pas eu le temps de faire sortir leurs meubles et leurs effets, comme ce père de famille qui montre du doigt un vieux réfrigérateur qui trône au milieu des gravats. Ils relèvent, par ailleurs, des irrégularités dans le processus de mise à exécution de la décision d'expulsion, comme par exemple le fait que l'ordre d'expulsion soit signé par la secrétaire générale de l'APC, ce que cette dernière démentira, toutefois, catégoriquement. Ils reprochent surtout aux autorités locales de ne pas avoir agi à temps pour les aviser que leurs parcelles de terrain étaient situées sur le tracé de l'axe autoroutier. «L'APC aurait pu ordonner l'arrêt des travaux. Cela nous aurait épargné des pertes qui se chiffrent à des centaines de millions». D'autres avancent un changement du tracé initial de l'autoroute à la suite de «l'intervention de gens puissants qui ont pesé de tout leur poids pour sauver leurs propriétés». Une information que nous n'avons pas pu confirmer. Tout ce qu'ils demandent aujourd'hui, c'est d'être indemnisés pour leurs terrains, conformément à la loi, et d'être relogés dans des habitations décentes en toute urgence. En attendant, ils passent leurs nuits dans des tentes improvisées. «Nous ne faisons pas la fine bouche. Nous savons que nous n'aurons jamais de maisons individuelles, mais nous demandons au moins des logements en ville», affirme l'un des expropriés qui prévient, cependant, qu'il n'est pas disposé à accepter d'être relogé dans un chalet de peur «d'y moisir pendant de longues années sans espoir de bénéficier un jour d'un vrai logement». A propos de relogement, nos interlocuteurs affirment que seules trois familles parmi tous les expropriés ont bénéficié de logement sans trop savoir sur quelle base cela a été décidé puisque tous les occupants des lieux «ont été recensés par la commission de wilaya». Pour toutes ces raisons, ils s'estiment lésés. Mais le plus urgent pour eux c'est d'abriter leurs familles qui vivent, depuis la démolition de leurs habitations, dans des conditions pour le moins intenables…