RESUMé : Boualem est tendu à l'extrême. Savoir son arme entre les mains de terroristes lui donne des crampes à l'estomac. En fait, c'est Nabila qui en est l'auteur. Après lui avoir donné des sueurs froides, elle lui apporte un peu de réconfort... En l'espace de quelques jours, Boualem a pris un coup de vieux. Des cheveux blancs sont apparus sur ses tempes et les traits de son visage se sont creusés. Cela saute aux yeux de ses connaissances qu'il ne va pas bien. Au commissariat, son chef de service veut en savoir un peu plus sur sa vie privée. ll est inquiet à son sujet. Boualem n'a pas le courage de l'informer de la situation. Tant qu'il ne saura pas ce qu'ils lui veulent vraiment, il n'en dira rien à personne. Ne pouvant plus trouver le sommeil depuis qu'il a reçu la lettre anonyme, il est allé voir un médecin du village, pour lui demander de l'aide. Ce dernier lui prescrira un caImant. En le prenant assez tôt, il pourra s'endormir après le dîner. Nabila l'accompagne dans tous ses déplacements. Elle lui rend souvent visite à son travail. À la maison, elle s'occupe de lui comme jamais elle ne l'a fait auparavant. — Finalement cela a du bon d'être menacé, lui dit-il un soir où elle lui apporte une glace au lit. Depuis, tu me gâtes... — C'est juste pour un temps, répond-elle. N'en prends pas l'habitude. N'essaie pas d'en profiter. — Je n'en ai jamais eu l'intention, réplique Boualem, qui commence à ressentir l'effet du caImant. Je ne vais pas tarder à m'endormir. Bonne nuit chérie. — Dors bien ! Nabila garde sa main dans la sienne, le temps qu'il s'endorme profondément. Elle attendra près d'un quart d'heure avant de pouvoir le quitter. N'ayant pas encore débarrassé la table de la saIle à manger, elle le fait lentement, histoire de s'occuper quelques minutes. Une fois que tout est propre et rangé, elle va dans la chambre. Elle aIlume la télévision et regarde le journaI de vingt-trois heures. Le journaliste parIe d'un attentat commis par des terroristes et il lui vient une idée. On sait qu'en ville, des terroristes sont souvent aperçus et qu'ils font même des faux barrages, à partir d'une certaine heure de la nuit, pour racketter ceux qui osaient s'aventurer aussi tard. — Oui, ce sera la meilleure couverture qui soit, se dit-elle en aIlant prendre son coffret à bijoux. À l'intérieur, s'y trouve plusieurs liasses de billets, de belles parures en or et aussi ce que Boualem a longtemps cherché : son arme. — Mon cher, tu vas regretter d'avoir tenté de me déposséder de mes biens. Je t'ai tout donné, mon cœur, ma jeunesse, ma confiance et qu'en as-tu fait ? demande-t-elle. Tu as tenté de les écraser. Mais depuis le temps qu'on se connaît, tu devrais savoir que personne ne le peut. Tant pis, pour toi. Les dés sont pipés. Elle ferme son coffret, à cIef. Elle prend l'arme et sort de la chambre. De son portable, elle appelle sa cousine Fatima et s'excuse de l'appeler aussi tard. — J'ai besoin que tu passes demain matin, lui demande-t-elle. Tu n'auras pas à tarder, la rassure-t-elle. Juste à prendre quelque chose avec toi. Fatima ne refuse pas. Le lendemain, dès sept heures, elle est là. Nabila ne l'invite pas à entrer. Elle est sortie sur le palier, avec son coffret. Elle le lui remet. Fatima s'inquiète. — Tu t'es querellée avec ton mari ? Vous avez l'intention de vous séparer ? l'interroge-t-elle, se doutant bien qu'elle lui confiait ses bijoux. — Chut, pars. Je t'en parIerai plus tard. Prends-en grand soin, lui recommande-t-elle. Merci. La cousine part, avec le coffret, heureuse de pouvoir lui rendre service. Nabila soupire de soulagement. Elle aIlait pouvoir réfléchir à ce qu'elle fera, tranquillement… (À suivre) A. K.