Constat n Plus d'hôtel à Miliana. La ville en comptait pourtant trois. Alphonse Daudet a séjourné dans L'Hôtel du Commerce, place de l'Horloge et a consacré un chapitre à la ville, sous le titre de «Milianah», dans Lettres de mon moulin. A cette époque, la ville était une destination touristique recherchée à cause de son calme, de son air pur, de son abondante verdure et de l'eau qui y jaillissait de partout. Aujourd'hui, la ville se déglingue, va à vau-l'eau. L'environnement s'y est beaucoup dégradé. Pour construire à flanc de coteaux, au-dessus de la Cité des Mines, on a arraché vignes, figuiers, oliviers, amandiers. À la moindre averse, ce sont des torrents de boue qui déferlent. Accrochée sur le flanc sud du Zaccar, Miliana, à 800 mètres d'altitude, est un étonnant microclimat. Un de ses plus beaux quartiers de la ville s'appelle d'ailleurs Les Annassers, les sources. La pluviosité y est abondante. Il y pleut autant qu'à Paris ou Francfort sauf que les eaux se perdent avant de pouvoir être captées et emmagasinées. La piscine des Belles Sources — autrefois deux bassins d'eau turquoise — servait, dans le même temps, à l'irrigation des jardins des Annassers, où se pratiquait une culture intensive. Dans ces jardins suspendus – il ne faut pas oublier ceux de Zougala- se cultivaient les brigouces (les précoces) qui arrivaient sur les marchés de la ville avec deux semaines d'avance sur le calendrier. Après la disparition de la kouirca, une variété locale de nèfles à un seul noyau, au goût délicatement acidulé, la fête des Cerises, qui attirait les touristes en masse, n'est plus célébrée. Un vide. La fièvre de la construction a bétonné des jardins, hier, à la végétation luxuriante et qui servaient à l'économie des familles qui les travaillaient. Dans les jardins, on trouvait des arbres fruitiers, des légumes, des herbes potagères. La production de ces minuscules jardins – très compétitifs quant au rendement – trouvait toujours preneurs. Un système de seguias et d'écluses distribuait l'eau selon un timing bien minuté. Ces jardins aujourd'hui se font rares ainsi que l'eau. Les terrains servent d'assiette pour la construction de coquettes maisons. Le travail de la terre est fatigant et, surtout, le cœur n'y est plus. Malgré l'érection de nouveaux châteaux d'eau, les grosses chaleurs posent problème. Chacun se débrouille comme il peut : citernes, barriques, jerricans. L'été, on voit même des marchands ambulants vendre l'eau dans des citernes. Le Zaccar, le djebel sur le flanc duquel la ville s'agrippe, est un immense réservoir d'eau pure, surtout quand il a neigé. Parfois, le climat vire de bord et la sécheresse s'installe, provoquant des incendies démesurés comme celui du 31 octobre 1968 qui a emporté 24 jeunes gens parmi la fine fleur de la ville.