Paradoxe n Souvent présentée comme le seul pilier de l'Etat, l'armée, composée de 60 000 hommes, faiblement équipée, est restée en retrait du principal conflit de ces dernières années. Les Etats-Unis ont fait pression, hier, pour saisir le Conseil de sécurité de l'ONU de la situation au Liban, mais selon des sources diplomatiques à New York, le Conseil devrait attendre le résultat de la médiation de la Ligue arabe avant de décider quoi que ce soit. Lors d'une discussion informelle dans la matinée sur le Liban, il a été décidé que le Conseil allait «suivre les événements sur le terrain, notamment la mission de la Ligue arabe, et en reparlerait bientôt», a déclaré à la presse un diplomate occidental. Sur le terrain, la Ligue arabe tente une médiation pour débloquer le bras de fer qui oppose la majorité et l'opposition libanaises, une semaine après une éruption de violence qui a fait redouter un nouvel embrasement du pays. Aucune avancée n'a été annoncée et la Ligue arabe n'a pas fixé de limite de temps à sa mission. Par ailleurs, les Etats-Unis avaient décidé d'«accélérer» leurs livraisons régulières d'équipement militaire destiné à l'armée libanaise. En restant à l'écart des combats meurtriers de la semaine écoulée au Liban, l'armée a évité les scissions qui avaient précipité sa dissolution durant la guerre civile, mais a pris le risque de se discréditer en n'assurant pas la protection des citoyens. «L'armée, c'est essentiellement la société libanaise en uniforme militaire», remarque Oussama Safa, directeur du centre libanais d'études politiques, en allusion à la mosaïque de communautés religieuses qui constitue le pays et aux clivages avivés par les récentes violences. Depuis la fin de la guerre en 1990, cette armée s'est reconstituée pour devenir une institution souvent présentée comme le seul pilier stable de l'Etat. Paradoxalement, cette armée de 60 000 hommes, faiblement équipée, est restée en retrait du principal conflit de ces dernières années, les combats de l'été 2006 entre le Hezbollah chiite et les forces israéliennes. Et en 2007, il lui a fallu plus de trois mois d'une bataille acharnée et presque 200 soldats tués pour venir à bout des activistes du Fatah al-Islam retranchés dans le camp palestinien de Nahr al-Bared, dans le nord du pays. «Ils ont commencé la bataille de Nahr al-Bared avec seulement 300 obus d'artillerie en réserve. C'est moins que ne possède n'importe quelle milice», remarque Oussama Safa. «Ils n'ont pas d'équipements de base, comme des pneus pour les camions, des moyens de déplacement performants et rapides, des moyens de communication.» Le gouvernement annule les mesures prises contre le Hezbollah l Le gouvernement libanais a annoncé, hier, l'annulation des mesures prises contre le Hezbollah, qui avaient conduit aux affrontements intercommunautaires. «Afin de faciliter les négociations de la délégation de la Ligue arabe et pour préserver l'unité nationale et la sécurité des citoyens, le gouvernement a décidé d'accepter la proposition du chef de l'armée et d'annuler les décisions», a déclaré le ministre de l'Information, Ghazi Aridi, à l'issue d'une réunion du gouvernement. Cette annonce intervient au moment même où la délégation arabe dirigée par le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar entamait sa médiation. Le gouvernement avait fait part, le 6 mai, de son intention d'enquêter sur un réseau parallèle de télécommunications mis en place par le Hezbollah. Une des mesures qui ont causé une flambée de violences.