Un homme était en voyage. En chemin, il s'est senti fatigué et s'est allongé au pied d'un orme pour se reposer un peu. Mais dans l'arbre il y avait un serpent. L'homme allume un feu et bientôt les flammes entourent l'arbre qui commence à brûler. En haut le serpent siffle. Le pauvre serpent va griller dans le feu, alors l'homme se lève et sauve le serpent qui, dressé devant lui, dit : — Eh, fils d'homme ! Je vais te piquer. — Oh, pourquoi cela ? Moi qui viens de te sauver du feu ! — Tant pis, je vais te piquer, tu n'avais qu'à pas me sauver. — Holà ! Puisque c'est ainsi, nous irons consulter par trois fois, et si par trois fois la sentence est : «Qu'il pique !» alors tu me piqueras. Ils se lèvent et se mettent en route. En chemin ils rencontrent un bœuf : — Eh, Père Bœuf ! dit l'homme. Ce serpent brûlait dans le feu, je l'ai sauvé. Maintenant il veut me piquer. J'ai été bon envers lui. Me piquera-t-il ou non ? — Il te piquera, dit le bœuf. Convient-il d'être bon pour l'homme ? Moi, il me fait labourer et labourer sans cesse, et quand je suis trop vieux il m'emmène chez le boucher pour qu'on m'abatte. Il ne convient pas d'être bon pour l'homme. — Bon, ça va ! dit le serpent. Voici déjà une sentence. Un peu plus loin, leurs pas les conduisent au bord d'une rivière : — Rivière bénie ! dit l'homme. Ce serpent brûlait dans le feu, je l'ai sauvé. Maintenant il veut me piquer. Eh bien, doit-il me piquer ou non ? — Bien sûr qu'il doit te piquer, dit la rivière. Il ne convient pas d'être bon pour l'homme. Pourquoi ? Il nettoie son linge, et toutes ses affaires dans mon eau, et, bien qu'il s'y lave, qu'il en boive, et qu'il s'y rafraîchisse les mains et la figure, après cela il me crache au visage ! — Ça va, dit le serpent. Voilà encore une sentence. Plus loin, ils rencontrent un renard et l'appellent : — Père Renard ! dit l'homme. Ce serpent brûlait dans l'arbre, je l'ai sauvé et maintenant il veut me piquer. Doit-il le faire ou non ? (à suivre...)