Preuve n Le receveur, qui a causé son malheur, a fini par être pris la main dans le sac. Il purge, en ce moment, une peine de prison pour avoir trempé dans l'affaire d'Algérie Télécom… Le calvaire de Ali Amirat a commencé le jour où il a tenté de s'acquitter de sa tâche. Autrement dit, faire le travail pour lequel il est payé. Cet inspecteur principal de la poste, qui frise la cinquantaine, est suspendu de ses fonctions depuis avril 2006 après près d'un quart de siècle de bons et loyaux services. Motif avancé par l'administration : absence irrégulière. «Je paye pour avoir signalé des irrégularités et dénoncé leurs auteurs», rétorque le fonctionnaire. Le cas de M. Amirat ne pouvait mieux tomber qu'en cette conjoncture marquée par des scandales successifs qui ébranlent le secteur des télécoms et des détournements astronomiques signalés dans divers bureaux de poste du pays. Il soutient mordicus que s'il se retrouve aujourd'hui sans ressources, c'est parce qu'à la poste de Ben aknoun (Alger) où il exerçait, il a été perçu comme un empêcheur de tourner en rond. Pourtant, assure-t-il, il a tout fait dans le respect de la voie hiérarchique, conformément à la réglementation. «En ma qualité de contrôleur, j'étais tenu de signaler toute irrégularité dans les opérations», dit-il. Sauf que, pour son malheur, la voie hiérarchique, qu'il est tenu de respecter, veut que ses rapports soient destinés, en premier lieu, à la personne même qu'il devait dénoncer. Les irrégularités qu'il constatait sont, en effet, l'œuvre du receveur de la poste qui est, de fait, son responsable hiérarchique direct. Il n'avait guère le choix, cependant. Pour se protéger et dégager sa responsabilité, il devait signaler toute opération suspecte. Or, ce genre d'opération était ce qui manquait le moins au niveau du bureau de poste, selon son témoignage, lui qui est le mieux placé de par sa fonction de s'exprimer sur la «propreté des lieux». Le plus abracadabrant dans l'histoire, c'est le fait que notre homme se voit proposer, sans autre façon, de «faire partie de l'équipe» et de se taire. Son supérieur lui aurait même assuré qu'il «n'est pas seul dans le coup» et que d'autres responsables hautement placés dans la hiérarchie sont complices. M. Amirat n'a pas marché dans la combine. Il est passé outre la voie hiérarchique et s'est adressé directement à des responsables au niveau du ministère qui lui auraient promis de faire le «nécessaire». Et le nécessaire ne tardera pas à être fait, mais pas dans le sens qu'il souhaitait. En avril 2006, de retour d'un congé de 4 jours qu'il a dûment sollicité auprès de sa direction, on lui signifie sa suspension pour absence irrégulière. Depuis, il a frappé à toutes les portes du département de Boudjemaâ Haïchour. Il affirme que tout le monde a reconnu qu'il est dans son bon droit et que sa suspension est abusive, mais personne ne semble prêt à appliquer la réglementation en le réintégrant à son poste. Car quand bien même son absence serait irrégulière, elle ne saurait justifier sa suspension après 25 ans de service. Notre contrôleur est d'autant plus conforté qu'entre-temps un élément nouveau est survenu dans le feuilleton : le receveur qui a causé son malheur, a fini par être pris la main dans le sac. Il purge en ce moment une peine de prison pour avoir trempé dans l'affaire d'Algérie Télécom…