Stratégie n Plus de cinq mois avant le scrutin, chacun des deux sénateurs s'attaque directement à l'autre, sur le plan politique et personnel, une tentative de définir négativement l'adversaire, en des termes parfois durs… Alors que le suspense du marathon des primaires démocrates touche à sa fin, les récents échanges cinglants entre les deux candidats probables à la Maison-Blanche, John McCain et Barack Obama, ressemblent déjà plus à la frénésie d'une fin de campagne qu'à l'ouverture des hostilités, et peut augurer d'une lutte féroce en novembre. Le républicain John McCain dépeint son rival démocrate comme naïf, faible et dangereux, un opportuniste incapable de tenir sa promesse de libérer la politique américaine de sa bile partisane. Les attaques du démocrate Barack Obama contre M. McCain peuvent se résumer dans l'un de ses nouveaux slogans : «John McCain a décidé d'être candidat au 3e mandat de George W. Bush», tentant de démontrer que toutes les propositions de son adversaire, des relations internationales à l'économie, ne sont que du réchauffé des échecs d'un président particulièrement impopulaire. Et si les relations entre M. McCain et l'autre prétendante démocrate, Hillary Clinton, en perte de vitesse pour l'investiture, sont marquées par un respect mutuel entre deux vieux routiers de Washington, il est clair qu'une antipathie réelle s'est développée entre M. McCain et M. Obama. Le jeune sénateur de 46 ans semble irriter profondément le vétéran de 71 ans, qui voit en Obama un arriviste bonimenteur, trop naïf pour faire face aux réalités du monde. «Pour un jeune homme dépourvu d'une grande expérience, il s'est très bien débrouillé», raillait M. McCain la semaine dernière en Floride. Le sénateur de l'Arizona répète que les idées de M. Obama, notamment sur d'éventuelles discussions avec les ennemis des Etats-Unis ou un assouplissement des restrictions face à Cuba, représentent un danger pour les Américains dans un monde marqué par les menaces et l'incertitude. Les flèches d'Obama sont restées moins personnelles, même si le sénateur de l'Illinois sait se montrer moqueur et sarcastique, notamment dans ses allusions à l'âge de son adversaire. Il répète ainsi à l'envi son admiration pour le «demi-siècle» que M. McCain a déjà passé au service de son pays. Barack Obama ne se lasse pas non plus de plaisanter sur le détour emprunté par le bus emblème de la campagne de McCain, le «Straight Talk Express» (l'express du parler-vrai), ou de provoquer son aîné en le dépeignant comme un néophyte en économie à l'heure où les Américains sont touchés par la crise financière.