Ras-le-bol n A Chlef, le principal problème mis en avant pour justifier la colère des protestataires remonte à plus de… 28 ans. En effet, c'est depuis trois décennies que les habitants de cette région, devenue malheureusement célèbre suite au violent séisme d'octobre 1980 qui l'a endeuillée pour longtemps, attendent d'être relogés. Durant toutes ces années, les survivants du violent séisme habitaient dans des chalets. Mais incontestablement la goutte qui a fait déborder le vase «de la colère» des Chélifiens, demeure l'annulation par le gouvernement de l'aide financière accordée aux victimes du séisme de 1980 dans le cadre de la loi de finances 2007. L'article 99 de cette loi, qui accorde aux sinistrés une aide d'un million de dinars et un autre million de dinars supplémentaire sous forme de crédit avec des taux d'intérêt bonifiés ne dépassant pas 2%, a été voté par la chambre basse pendant l'année parlementaire 2007. Cette aide qui fut annoncée aux Chélifiens par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, à l'issue de la visite effectuée dans la wilaya par le président de la République en 2007, ayant été annulée, les échauffourées ont éclaté. C'était au cours du mois d'avril, le jour où le tribunal de Chlef devait abriter le procès de M. Yacoubi, président de l'association des comités de quartiers en préfabriqué (sinistrés du séisme de 1980). Ce dernier était poursuivi pour diffamation à la suite d'une plainte du wali de Chlef. Ce procès, qui n'était en réalité que la partie visible de l'iceberg, a poussé la majorité des jeunes, dont la plupart étaient au chômage, à donner libre cours à leur colère, incendiant des édifices publics. De ce fait, durant trois jours, plusieurs localités, entre autres Chettia, Boccâat Sahnoun et surtout le quartier avoisinant du chef-lieu de Chlef, Zebboudj, ont été touchées par de violents troubles. Au centre-ville, hormis le siège de la wilaya qui a été épargné puisque les autorités ont fait appel à des brigades antiémeute, divers endroits ont enregistré des escarmouches, à l'instar du quartier Ben-Badis. A Chettia, une ville située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, le siège de la poste a été incendié par les manifestants. Toujours au chapitre des dégâts matériels, la ville de Bocage Samouraï s'est taillé la part de lion : l'agence postale, l'ex-Souk el-fellah situés à Haï El-Houria, le centre d'un opérateur de téléphonie mobile et la BEA ont été saccagés. Plusieurs voitures ont été brûlées.De leur côté, les autorités n'ont pas lésiné sur les moyens pour disperser les émeutiers. Des policiers et des forces antiémeute ont été dépêchés sur les lieux, particulièrement à proximité des institutions officielles (sièges d'APC, de la daïra et de la wilaya). Des gaz lacrymogènes ont été notamment utilisés pour disperser les jeunes qui ne décoléraient toujours pas. S'agissant des arrestations, selon les comptes rendus de la presse, une centaine de jeunes ont été interpellés pour être présentés par la suite à la justice.