Il faut attendre la fin du VIe siècle de l'Hégire (XIIe de J.-C.) pour organiser une cérémonie de prières publiques à laquelle participait toute la population : à la date de l'anniversaire, le 12 Rabi' I, une grande foule se rendait dans la maison qui restait exceptionnellement ouverte toute la journée. C'est à cette époque aussi que dut s'instaurer la tradition de Laylat al mawlîd, (la nuit de la Nativité), au cours de laquelle on se réjouissait, on organisait des retraites au flambeau et on récitait des poèmes en l'honneur du Prophète. Au Maghreb, la célébration devait être encore plus ancienne, du moins dans les milieux populaires : le mawlid (ici, on dit mulud) avait, en effet, capté des rites anciens, devenant, à l'instar de beaucoup de fêtes religieuses, une fête de la fécondité de la terre. C'est au Caire, sous les Fatimides, que le mawlid devint une fête officielle. La dynastie étant d'obédience chi'ite, on célébra en même temps la naissance de ‘Ali et de Fatima, le gendre et la fille du Prophète, ainsi que celle du calife régnant. L'historien chi'ite al-Maqrizî a décrit le type de cérémonie en usage : le jour du mawlîd, les dignitaires formaient un cortège et se rendaient au palais du calife où on célébrait un office. Chacun des trois principaux prédicateurs prononçait un discours. La fête était réservée à la classe chi'ite. La population, à majorité sunnite, était tenue à l'écart des festivités. Les mawlîd fatimides ont disparu, sans laisser de traces.