En Algérie, la tradition est restée, dans les villes comme dans les campagnes, d'aller prier dans les mosquées et réciter le dikr, ou invocation du prophète. On récite aussi des poèmes en l'honneur du prophète, appelés les mawludiyate. Les mawlidiyate s'inspirent toutes de la célèbre pièce de Ka'b Ibn Zuhayr, Bannât Su'ad. Le poème d'Al-Busrî, auteur par ailleurs de la fameuse burda ou Manteau du prophète, déclamé à l'occasion des veillées funèbres, est également renommé. La mawlidiyya comporte toujours un nasîb et un rah'îl. Le nasîb évoque les restes d'un campement que le poète traverse pour se rendre sur les Lieux saints. Son désir d'arriver est grand, mais la distance qui l'en sépare est immense. Aussi supplie-t-il les caravaniers ou les pèlerins plus rapides que lui de transmettre ses salutations au prophète. Le rah'îl qui suit ce prologue est le récit du voyage à travers le désert d'Arabie. Les deux parties sont pleines d'évocations contenant la naissance et la mission du prophète. Les mawlidiyate étaient rédigées en arabe, mais on trouve aussi des pièces en dialectal et dans d'autres langues des pays musulmans comme l'ourdou, le swahili, le peul, le turc et, pour le Maghreb, le berbère…