InfoSoir : Qui dit cinéma, dit long-métrage (fiction). Le cinéma se résume alors à cela. Or, il y a plusieurs façons de faire du cinéma. Salim Aggar : Aujourd'hui le court-métrage est redevenu à la mode. Avant il était assimilé au cinéma amateur en raison des moyens limités avec lequel il était fabriqué. En 1989, j'ai réalisé mon premier film en super 8 : Dieu à fait la montagne, l'homme a fait la ville qui m'avait permis de représenter l'Algérie en France et en Belgique. J'avais à l'époque 21 ans. Nous étions considérés comme de jeunes créateurs, et à l'époque nous n'avions reçu aucune aide ou soutien des autorités locales parce que nous étions considérés comme des amateurs donc aux yeux de certains comme des non-professionnels, alors que certaines créations étaient très originales. Aujourd'hui avec la technologie numérique, le court métrage est fabriqué avec les mêmes moyens qu'un long métrage avec une caméra DV ou HD. Cette mode est apparue en Algérie depuis «L'année de l'Algérie en France» en 2003, elle a été perpétuée depuis. Car en France, il existe des fondations et des organismes qui soutiennent le court-métrage. Ce n'est pas le cas en Algérie. Seul le ministère de la Culture et depuis quelque temps l'Entv, à travers le Fennec d'argent, y accordent un peu d' intérêt. L'on constate ces dernières années l'émergence de jeunes «cinéastes» œuvrant dans le court-métrage. ll C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Car de nombreux jeunes s'illustrent en faisant des courts-métrages. Reste que la démarche est «amatrice» et n'a pas d'envergure internationale. Nous ne devons pas mettre sur un pied d'égalité un court métrage réalisé avec des comédiens amateurs un scénario sans structure et une mise en scène basique avec des films réalisés par des réalisateurs professionnels qui ont plus de 30 ans de métier. Il semble que le court-métrage a remplacé le long-métrage en Algérie. ll Non je ne suis pas tout à fait d'accord. C'est plutôt le long métrage qui a laissé la place aux courts-métrages. Il ne peut nullement remplacer le long métrage, car ce dernier a son public et ses festivals. Le court métrage restera l'enfant du long métrage. Sans plus. Nombreux sont ceux qui pensent que le court-métrage est une école, mais d'autres estiment qu'il est une pratique cinématographique à part entière. C'est-à-dire plus qu'une école : une création. ll C'est vrai le court-métrage est une école qui nous prépare techniquement et psychologiquement au long métrage. Mais ce n'est pas une pratique à part entière. C'est aussi une création, car le court métrage n'est pas conditionné par les résultats commerciaux. Le jeune cinéaste peut donner libre cours à sa création sans pour autant respecter les règles élémentaires du cinéma conventionnels.