Malaise n La ville marocaine Sidi Ifni et la ville tunisienne Redeyef ont connu, hier, des affrontements entre les jeunes et les forces de l'ordre. Motif : le chômage. Le calme est revenu hier soir à Sidi Ifni (sud-ouest marocain) après des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants qui ont fait 44 blessés, dont 27 parmi les forces de l'ordre. Une violente échauffourée avait opposé, samedi, les forces de l'ordre et de jeunes chômeurs qui bloquaient l'entrée du port de Sidi Ifni. «Le calme est revenu, mais la police a renforcé ses positions» dans la ville, a déclaré un témoin. «La situation est calme et nous espérons surmonter la pression psychologique pour trouver des solutions aux revendications (des protestataires) dans un climat serein», a déclaré le député socialiste Abdul Rahman Belfkih. Un autre élu local du parti de l'Istiqlal a affirmé que le «calme est revenu dans la ville où la police a renforcé ses effectifs». Selon des sources à Sidi Ifni, la police a procédé, hier, à l'arrestation d'une vingtaine de jeunes chômeurs marocains qui bloquaient la circulation de camions chargés de poissons dans le port de la région. Un groupe de jeunes encerclaient depuis le 30 mai le port de la ville où stationnaient 89 camions chargés de près de 800 t de poissons. Ces jeunes ont refusé toutes les médiations et mis le feu à un véhicule appartenant à l'un des «agents d'autorité». A l'origine de cette colère, explique le député Abdelwahab Belfkih, un tirage au sort organisé par la municipalité pour l'embauche de huit personnes. Près de 120 jeunes avaient participé à ce tirage. Après la proclamation des résultats, de nombreux jeunes se sont dirigés vers le port et ont bloqué les issues en signe de protestation. En Tunisie, l'armée s'est déployée hier à Redeyef (sud-ouest de Tunis) où le calme est revenu au lendemain d'affrontements qui ont fait un mort et plusieurs blessés sur fond de chômage et de revendications sociales. «La situation est relativement calme et la population a été apaisée par le déploiement de l'armée qui a pris le contrôle des principaux points de la ville», a indiqué un porte-parole du mouvement de protestation sociale. Le ministre tunisien de la Justice et des Droits de l'homme, Bechir Tekkari, a dit «regretter» la mort d'un manifestant. «Nous regrettons cet incident d'autant que ces troubles sont exceptionnels en Tunisie», a-t-il déclaré à la presse. Des manifestations sporadiques ont lieu depuis le 5 janvier dans la région de Gafsa, riche en phosphates, pour dénoncer le chômage, le renchérissement du coût de la vie, la corruption et le clientélisme, selon les dirigeants du mouvement de protestation. Redeyef, ville de 30 000 habitants abritant la plus ancienne mine de phosphates, est le principal foyer de cette agitation, qui a gagné des villes minières de Metaloui et Oumlaraies. Les manifestations ont été déclenchées à Redeyef par la manipulation supposée au profit de certains notables d'un concours de recrutement à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur de la région.