Après une semaine de blocage de près de 90 camions de poissons au port de Sidi Ifni, à 170 kilomètres au sud d'Agadir, par des jeunes qui protestaient contre le chômage qui les touche de plein fouet, la police marocaine est passée à l'acte samedi dernier pour les déloger de force. Equipés de matraques et de chiens, les policiers ont opté pour une méthode assez musclée pour réprimer dans le sang les jeunes chômeurs. En effet, le journal marocain Al Ahdath Al Maghribya, a rapporté dans son édition hebdomadaire que les affrontements entre policiers et jeunes manifestants se sont soldés par la mort de huit personnes, dont un policier, un grand nombre de blessés, en plus d'une centaine d'arrestations. Selon le même journal, «à Sidi Ifni, la situation est demeurée tendue dans la ville, après l'intervention, samedi, de plus de 600 policiers, qui ont dispersé les manifestants pour rétablir l'activité du port, obligeant un grand nombre de manifestants à se replier sur les hauteurs où ils étaient poursuivis par les policiers». D'autres affrontements ont eu lieu dans les cités Boulaalam, Lalla Meryem, Al Marssi et Kouloumina, où les policiers répondaient aux jets de pierres par des tirs de balles en caoutchouc, en poursuivant les manifestants dans les maisons et sur les terrasses. A la cité Kouloumina, «un grand nombre de femmes ont manifesté dans un mouvement de protestation, défiant les forces de l'ordre», rapporte encore le journal. Dans la ville de Sidi Ifni, où les habitants demeurent enfermés chez eux, ne disposant pas de moyens de communication, les entrées et sorties sont interdites. De son côté, le journal espagnol El Mundo a rapporté dans son édition d'hier que «3 000 agents de la police et des forces auxiliaires ont occupé presque tous les quartiers du centre de la ville, empêchant leurs habitants à sortir dans les rues», avant de «lancer une surprenante chasse aux téléphones portables pour couper les communications entre Sidi Ifni et le reste du monde». El Mundo indique par ailleurs que dans le quartier Lalla Meriem, des dizaines de maisons ont été investies, dégradées, voire pillées par les policiers. Il convient de rappeler que le conflit avait commencé il y a neuf jours lorsque des dizaines d'habitants de Sidi Ifni avaient installé des piquets de grève et des tentes à l'entrée du port pour revendiquer des postes d'emploi et demander aux autorités marocaines de trouver une solution à la grave situation socio-économique que connaît cette ancienne enclave espagnole rendue au Maroc en 1969. C. B.